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Chroniques
Intolleranza 1960 | Intolérance 1960
azione scenica de Luigi Nono

Pour aborder ce spectacle présenté au Salzburger Festspiele quatre fois dans la seconde quinzaine d’août 2021 – dont Arte permet aujourd’hui la (re)découverte –, gardons à l’esprit cet aveu du plus engagé des compositeurs italiens de l’après-guerre : « la genèse de chacune de mes œuvres est toujours à rechercher dans une “provocation” humaine : un événement, une expérience ou un texte de notre vie provoquent mon instinct et ma conscience et les incitent à apporter mon témoignage de musicien-homme » (Luigi Nono, Écrits, Contrechamps, 2007) [lire notre critique de l’ouvrage].
Les différentes provocations qui menèrent Nono (1924-1990) à concevoir Intolleranza 1960 sont d’abord liées à la négligence criminelle d’une classe dominante, comme en témoignent deux tragédies évoquées à chaque bout de l’ouvrage : celle de l’incendie de Marcinelle (Belgique), où périrent plus de deux cent cinquante mineurs de fond (8 août 1956), et celle des inondations du Polésine (novembre 1951), avec nombre de noyés et de sans-abris. Sous des dehors de catastrophe naturelle ou d’accident, ces deux événements révèlent des négligences liées au profit : dans un cas, mauvais entretien des digues et affaissement du terrain lié à la présence de puits méthaniers ; dans l’autre cas, accroissement insensé de la production et mode d’exploitation vieilli. Spécifiquement liées à l’année 1960, d’autres provocations