Chroniques

par françois jestin

Edvard Grieg et Camille Saint-Saëns
Plamena Mangova, Orchestre Philharmonique de Marseille, Mihhail Gerts

Opéra de Marseille
- 7 mai 2021
À Marseille, la pianiste russe Plamena Mangova joue le Concerto de Grieg
© dr

En attendant le retour très prochain du public en salle, c’est à nouveau à huis clos que se produit l’Orchestre Philharmonique de Marseille pour un concert qui fait l’objet d’une captation audio.

Honneur d’abord au piano dans le Concerto en la mineur Op.16 d’Edvard Grieg joué ce soir par Plamena Mangova. La soliste montre son caractère dès les premières notes de l’Allegro molto moderato, à travers des attaques d’une grande force, puis des arpèges très clairs, bien détachés. Les musiciens sont, quant à eux, complètement répartis sur le plateau, respectant ainsi au mieux la distanciation physique, sans altérer une bonne cohésion d’ensemble. Le chef estonien Mihhail Gerts parvient à modeler un beau fondu sonore, sans aspérités, dans cette partition romantique qui comporte de petits passages plus héroïques où les cuivres s’expriment avec générosité. Dans l’Adagio qui suit, les cordes produisent un beau son soyeux, idéal pour caractériser les douces mélodies, puis Plamena Mangova déploie sa virtuosité [lire nos chroniques du 21 juillet 2011, des 26 janvier et 8 février 2017, du 4 août 2020, ainsi que de ses CD Chostakovitch et Beethoven] dans l’Allegro moderato molto e marcato conclusif, où l’on admire en particulier sa vitesse d’exécution à main droite.

La phalange marseillaise reprend place sur le plateau pour la Symphonie en la mineur Op.55 n°2 de Camille Saint-Saëns. C’est d’abord une sorte de passage en revue des bois, chacun y allant, tour à tour, de son petit solo dans le premier mouvement – Adagio marcato-Allegro appassionato – où les départs successifs en canon peuvent s’avérer périlleux rythmiquement. Mihhail Gerts [lire nos chroniques du 24 février 2016 et du 10 mars 2019] sait ensuite doser avec retenue le juste volume pour un Adagio apaisant qui contraste fortement avec les attaques énergiques du Scherzo (Presto) qui lui succèdent. Le denier mouvement, Prestissimo, sonne comme du Berlioz – on croirait entendre par endroits le Carnaval romain ou l’Ouverture de Béatrice et Bénédict –, avec sa virtuosité espiègle aux cordes, émaillée de petites touches éparses des bois. L’orchestre y fait fort bonne figure, relevant avec vaillance tous ces traits d’agilité.

FJ