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Chroniques
Carl Nielsen
Sonates pour violon n°1 – n°2 – Prélude et thème avec variations
Si la musique symphonique de Nielsen (1865-1931) connaît les honneurs des programmes – mais essentiellement dans le monde anglo-saxon –, sa musique de chambre reste un domaine bien peu exploré en dépit de l'énergie dépensée par des labels discographiques comme Ondine, Chandos et Bis. C'est donc avec un grand intérêt que l'on accueille ce nouveau disque Tacet consacré aux sonates pour violon et au Prélude et thème avec variations du compositeur danois.
Dix-sept ans séparent l'écriture des deux sonates. La Première, composée à la suite d'une rencontre avec Brahms à Vienne, respire la jeunesse et la sérénité. D'une vingtaine de minutes, cette belle musique à l'esprit romantique séduit d'emblée mais sans témoigner d'une profonde personnalité. La Seconde sonate est d'un tout autre niveau d'inspiration. Écrite en 1912, soit peu de temps avant les quatrième et cinquième symphonies, cette partition est l'œuvre d'un artiste en pleine maîtrise de ses capacités artistiques. Cette pièce évolue aux frontières de l'incertitude rythmique et culmine dans un second mouvement au motif rythmique de type hongrois et dans un dernier mouvement où le dialogue entre le violon et le piano voyage à travers différentes gammes. Composée la même année que le Pierrot lunaire de Schoenberg, cette sonate nous montre un créateur attentif aux évolutions du langage musical.
Le Prélude et thème avec variations (1923) est une réalisation de démonstration pour son ami le violoniste hongrois Emil Telmanyi (1892-1998). Pour cet artiste très fier de son interprétation des Sonates et Partita pour violon seul de Bach, Nielsen a écrit une partition virtuose mais où l'inspiration n'est jamais creuse. Il cite Paganini et Bach, tout en offrant à l'oreille de très beaux passages comme le mélodique prélude dont la touchante simplicité illustre bien son art.
Le violoniste et chef d'orchestre anglais Adrian Adlam et son compatriote de pianiste Christopher Oakden se jouent des difficultés pour nous offrir une très belle interprétation de ces pièces. À la sonorité chaude et limpide du violoniste qui joue un Vuillaume, répond le toucher délicat et musical du pianiste. Cet enregistrement prend place dans le cadre du festival de musique de chambre de Freden (Allemagne) dont Adrian Adlam assure la direction artistique.
PJT