Chroniques

par michel slama

archives José van Dam
airs d'opéra et mélodies

2 CD EMI Classics (2005)
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archives José van Dam (2 CD EMI Classics)

La collection The very best of d’EMI Classics s'enrichit d'un nouveau volume dédié à José van Dam. Comme à l'accoutumée, cet album se compose de deux CD, le premier étant entièrement consacré à des extraits d'intégrales d'opéras français, tirées du fonds maison, le second essentiellement orienté vers la mélodie française, dans laquelle le baryton belge excelle particulièrement.

EMI a donc puisé dans son catalogue d'opéra français, fort riche, pour y concocter cette anthologie particulièrement réussie, indispensable pour les amateurs de musique française et les admirateurs du Maître de musique. Entre 1980 et 1998, José Van Dam participe à de nombreux enregistrements d'intégrales conçus par le label, en général, très bien accueillis par la critique. Les plus traditionnels Contes d'Hoffmann, Faust, Lakmé, Don Carlos (en français) côtoient les rares Mireille, La jolie fille de Perth et Don Quichotte, voire les quasi-inconnus Guercœur (Magnard) et Œdipe (Enesco). Dans chaque incarnation, van Dam est toujours admirable de justesse, de style et de technique, composant à la perfection les caractères les plus divers : des méchants diaboliques à la sobriété inédite (Faust, Les Contes d'Hoffmann, Lakmé) aux héros incompris (Don Carlos, Guercœur, Don Quichotte). Vocalement, les seules réserves portent sur son parti pris d'interpréter ici des rôles destinés logiquement à des basses, en l'occurrence Philippe II et Don Quichotte…

Par ailleurs, il est toujours accompagné à la perfection par les plus grands chefs, dont Michel Plasson et son Orchestre du Capitole de Toulouse, passés, eux aussi, maîtres dans l'art de la musique française, et Lawrence Foster, Georges Prêtre, Antonio Pappano, pour ne citer qu'eux. Côté interprètes, ces extraits ne nous proposent rien moins que Natalie Dessay (Lakmé), Barbara Hendricks (Œdipe) et Teresa Berganza (Don Quichotte). On regrettera cependant l'absence totale de témoignages de ses incarnations mozartiennes. On sait quels grands Figaro, Leporello, Sarastro et autres Alfonso il put être. Hélas pour EMI, les enregistrements qu'il a laissés ne sont pas à son catalogue. Quel dommage aussi que le label ait négligé d'enregistrer ses Golaud (Pelléas et Melisande), Escamillo (Carmen), Méphistophélès exceptionnel (La Damnation de Faust) et Saint-François d'Assise (Messiaen), laissant à Deutsche Grammophon, Decca, Philips et Virgin le soin de préserver le legs de notre grand baryton.

Le second CD est constitué d'un florilège de mélodies françaises, bizarrement complété par des extraits d'opéras allemands et d'œuvres religieuses. On ne répétera jamais assez combien l'excellence de la diction et de l'élocution françaises de van Dam prend ici toute sa vérité. L'auditeur y retrouvera avec bonheur des extraits des Nuits d'été (Berlioz), rarement interprétées entièrement au disque par un baryton, ainsi que de larges extraits de l'œuvre mélodique de Poulenc, indispensables eux aussi pour leur truculence (Chansons gaillardes) et leur tendresse (Malvina). Le disque présente aussi des mélodies dédiés à son rôle de prédilection, Don Quichotte, le héros de Cervantès qu'il a défendu avec tant de passion et de réussite chez Massenet, Ibert, Ravel et même dans le musical américain L'homme de la Mancha… Mais notre coup de cœur – qu'on peut réécouter à l'envi –, c'est cette mélodie oubliée de Massenet, Élégie, qui nous émeut aux larmes… De rares Saint-Saëns dont une extraordinaire Danse macabre, exceptionnelle de précision et de diablerie, et une mélodie encore moins fréquentée de Ropartz complètent idéalement ce programme français.

Pour finir, toujours extraits d'intégrales EMI, Jochanaan (Salomé) et le Hollandais (Vaisseau fantôme) accompagnés par Karajan restent des incarnations majeures de van Dam dans le répertoire lyrique allemand, comme son Amfortas (Parsifal) avec Karajan chez DG ou son Barak (La femme sans ombre) avec Solti, chez Decca. Les extraits du Deutsche Requiem de Brahms et du Requiem de Fauré sont tout aussi réussis. Un double CD indispensable, à écouter et réécouter…

MS