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Chroniques
Péter Eötvös l'explorateur
Les années électroniques
Depuis vingt-sept ans déjà, le Conservatoire de Caen accueille ses Aspects des musiques d’aujourd’hui, menant chaque année son public à la rencontre d’un compositeur ou d’un courant esthétique de la création musical. Il y a quatre ans, nous étions présents pour les passionnantes journées consacrées à Elliott Carter. Ce printemps, le musicien hongrois Péter Eötvös est à l’honneur.
Parcourir en trois jours l’univers de Péter Eötvös est un défi que le festival sait relever avec succès. En cinq concerts, deux avant-concerts, la projection de La septième porte, film infiniment sensible de Judith Kele [lire notre critique du DVD], deux master classes et une rencontre animée par Constance Himelfarb, tout cela précédé, quelques jours en amont, d’une grande journée entièrement tournée vers la culture hongroise, les auditeurs appréhendent efficacement ce monde. L’opéra lui-même est évoqué, à travers Natasha pour soprano, violon, clarinette (en la) et piano, une pièce puisant dans Trois sœurs, l’ouvrage lyrique créé à Lyon il y a un peu plus de dix ans déjà et qui connut depuis une brillante carrière.
L’électronique occupe une belle place. À vingt-et-un ans, Eötvös partait pour l’Allemagne où il rencontra Karlheinz Stockhausen.
« En 1965, j’ai sollicité deux bourses d’étude de compositeur, l’une russe et l’autre allemande. J’ai obtenu la seconde et suis parti pour Cologne au début de 1966. C’était une ville incroyable, sur le plan musical. L’année suivante, je suis parti avec Stockhausen et son studio électronique au Japon. En 1971, on m’a intégré au studio en tant que technicien. »
Nous entendons Mese (Märchen/Tale/Conte) de 1968, Cricketmusic de 1970, Elektrochronik de 1974 [lire notre article CD], mais aussi deux pièces mixtes (mêlant les émissions acoustiques et électroniques) : Now, Miss ! pour violon, synthétiseur DX7 et bande (1972), d’après Cendres de Beckett, et Music for New York, improvisation pour musiciens et bande (1971). De fait, hommage est rendu au maître allemand (disparu il y a deux ans) à travers Telemusik de 1966 et son fameux Kontakte (1960) pour piano, percussions et électronique, brillamment interprété par Mark Foster, Samuel Favre. À la console, Bryan J. Wolf assure la projection du son.
BB