Recherche
Chroniques
l'âge d'or des Vingt-quatre Violons du Roi
Le dernier concert des Fêtes baroques de la saison d'automne du Centre de Musique Baroque de Versailles (CMVB) est confié aux Vingt-quatre Violons du roi. Des conditions météorologiques extrêmement défavorables empêchent son déroulement souhaité au cœur du Château de Versailles : il était initialement prévu, auprès de ce qui fût un petit château à coins de briques, dans la Cour de Marbre. Cet écrin idéal les a si souvent entendues résonner que ce lieu en aurait certainement recréé toute la magie.
C'est donc dans la superbe mais Louis-philipparde Galerie des Batailles qu'il trouve refuge. Les Vingt-quatre Violons virent vraiment le jour au tout début du règne de Louis XIII, en 1614. S'ils existaient depuis François I, c'est en cette année que les violonistes atteignirent leur nombre définitif. Destinés aux fastes royaux, ils disparurent sous le règne de Louis XV. Depuis 2008, nous pouvons réentendre leur sonorité si particulière grâce au talent et à la passion conjugués des facteurs Antoine Laulhère et Giovanna Chitto, du violoniste Patrick Cohen-Akenine et du CMBV. Régulièrement, il nous est donc donné de les savourer. Si l'on peut regretter que ce soit plus souvent en version de concert qu'à l'occasion de représentations d'opéra de Lully, il faut reconnaître que cette famille d'instruments, de la basse au dessus de violon, en passant par le haute-contre, la taille et la quinte de violon, donnent à l'orchestre un chatoiement royal qui renouvelle à chaque écoute notre bonheur.
Faisant preuve d'un bel engagement, l'ensemble Capriccio Stravagante, sous la direction très discrète de Skip Sempé, souligne cette majesté qui caractérise la musique du Roi Soleil et son contrepoint d'une luxuriance totale. C'est un orchestre en grand apparat qui se présente à nous. Non seulement, il fait surgir des cordes un arc-en-ciel de couleurs filigrané d'or et d'argent, et met encore en valeur la richesse et la profondeur des bassons et des théorbes, la délicatesse pastorale et la noblesse des flûtes et des hautbois.
Conçu pour le public hollandais du récent Festival d'Utrecht qui ne l’avait pas encore entendu, un programme très classique offre en une heure un large éventail de la musique des Vingt-quatre Violons du roi : Muffat, Marais, Couperin, etc. Si l'on s'est interrogé sur la pertinence de certaines pièces, pour le public averti de Versailles (telles celles de William Brade), toutes sont interprétées avec brio. Il n'y pas de doute possible : la passacaille d'Armide n'est jamais plus envoûtante que lorsqu'elle retrouve les instruments qui l'ont créée [lire notre chronique du 18 septembre 2010].
MP