Chroniques

par laurent bergnach

Philip Glass
Études pour piano

2 CD Ad Vitam (2022)
AV 220315
Le pianiste François Mardirossian joue les vingt Études de Philip Glass

Le piano participe à la formation de bien des compositeurs et Philip Glass (né en 1937) ne fait pas exception. Dans sa biographie, il raconte comment, après avoir fréquenté le violon et la flûte, il volait les leçons de son frère Marty en reprenant les exercices que ce dernier venait de faire avec le professeur en visite, chaque semaine, au domicile familial. Plus tard, durant sa formation new-yorkaise, c’est la quête angoissée d’un clavier qu’il confie : « je faisais tout mon possible pour améliorer mon jeu, faire des exercices et travailler mes compositions, mais j’étais tributaire des salles. Comme Juilliard ouvrait à 7h00 du matin, j’arrivais tôt et prenais le premier piano venu, car les instruments étaient très demandés » (in Paroles sans musique, La rue musicale, 2017) [lire notre critique de l’ouvrage].

Après les premières parutions discographiques (opéras, musiques de film, etc.), Solo Piano (1989) donne au natif de Baltimore l’opportunité de se produire sans son ensemble. Nombre de pianistes ont assisté à ses récitals, tels Nicolas Horvath et François Mardirossian. Ce dernier, qui découvraient aux Nuits de Fourvière (Lyon, 2007) de nouvelles Études fraîchement achevées, en enregistre aujourd’hui l’intégrale sur un piano Stephen Paulello Opus 102. Entre 1991 et 2012, ces pages forment une sorte de journal intime de leur auteur qui explique : « si dans le cahier I, j’ai résolu des questions techniques qui concernaient mon jeu au piano, la musique du cahier II marque une nouvelle aventure en termes d’harmonie et de structure musicale » (in Sylvain Fanet, Philip Glass – Accords & désaccords, Le mot et le reste, 2022) [lire notre critique de l’ouvrage].

Concernant l’héritage musicale, on trouvera ici des échos à la flamboyance romantique (n°6) et à la mélancolie impressionniste (n°14, n°20). Naturellement, ceux-ci ne l’emportent pas sur la propre manière de Glass, pétrie de tourbillons, tourneries et autres valses obstinées, mais aussi de cavalcades et martellements qui, le plus souvent, dissimulent une angoisse derrière l’entrain apparent. Notre interprète est à l’aise pour caractériser les nombreuses demi-teintes de cet opus marquant.

LB