Chroniques

par laurent bergnach

Sylvain Fanet
Philip Glass – Accords et désaccords

Le mot et le reste (2022) 268 pages
ISBN 978-2-36139-992-4
Sylvain Fanet aborde Philip Glass sous l'angle thématique

Auteur de plusieurs ouvrages dont Standing on a beach, une anthologie consacrée à la new wave, Sylvain Fanet s’intéresse ici à Philip Glass (né à Baltimore, en 1937), un compositeur qu’il juge tout à la fois unique et multiple. En écho à cette diversité, l’auteur propose en douze chapitres douze facettes d’un créateur soucieux de structure musicale et de psychologie de l’écoute, à mi-chemin entre musique savante et musique populaire.

Le premier de ces chapitres évoque logiquement l’apprentissage de Glass. Il débute par la découverte des disques de la boutique paternelle : d’un côté le rhythm and blues, de l’autre les modernes (Bartók, Stravinsky, etc.) que le père mélomane autodidacte écoute à la maison pour tenter de comprendre pourquoi ils se vendent moins que les classiques – et donc pour mieux les promouvoir. Loin de Baltimore où il a découvert la flûte et le piano, le musicien poursuit son évolution dans différentes villes (Chicago, New York, Paris, etc.), ponctuée de précieuses rencontres (Nadia Boulanger, Ravi Shankar, etc.).

Les chapitres Avant-garde et Pop donnent la mesure du chemin parcouru par ce bourreau de travail. Pour faire connaître ses œuvres, il décide la formation d’un ensemble pérenne et l’implantation dans des espaces alternatifs (galeries, etc.). Plus tard, offrir une version symphonique de la fameuse trilogie berlinoise de David Bowie et Brian Eno (1977-1979) permet aussi d’élargir l’audience, sans parler des nombreuses incursions dans le cinéma (Mishima, Kundun, etc.). Là encore, le grand écart est tangible entre un projet visionnaire comme la série des Qatsi [lire notre chronique du 18 décembre 2005] et l’anecdotique Candyman.

S’il ne peut faire de l’ombre à l’autobiographie de Glass [lire notre critique de l’ouvrage], ce livre propose une bonne entrée dans l’univers du compositeur puisqu’il concentre par thématiques des moments de vie qu’une chronologie ne met pas forcément en relief – sa quête spirituelle, notamment, ou les hommages de la scène électro. Aussi pardonnera-t-on quelques redites d’un chapitre à l’autre, inhérentes au concept, pour saluer la richesse des informations contenues.

LB