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Chroniques
Olivier Messiaen
Poèmes pour Mi – Les offrandes oubliées – Un sourire
Quand Claude Samuel évoque avec lui la confidentialité des ses trois grands cycles vocaux pour soprano dramatique – Chants de terre et de ciel (1939), Harawi (1947) et Poèmes pour Mi (1936), le seul à être orchestré (1937) [lire notre critique du CD] –, Olivier Messiaen (1908-1992) trouve une explication dans le fait qu'ils furent écrits en pensant à Marcelle Bunlet, « merveilleuse cantatrice et admirable musicienne qui avait une voix très malléable et un registre très étendu, et qui chantait facilement Isolde, Kundry et Brünnhilde ».
Il poursuit : « Je lui ai donc destiné mes cycles de mélodies qui sont très longs, très fatigants pour le souffle, et qui exigent une très grande étendue vocale. Pour toutes ces raisons, on comprend que peu de cantatrices s'y soient attaquées et que ces pièces soient moins connues que d'autres » (in Permanences d'Olivier Messiaen / Actes Sud, 1999).
D'abord avec l'auteur au piano (Paris, 28 avril 1937), puis dans sa version dirigée – ici, les sources divergent : par Franz André (Bruxelles, 1946) ou Roger Desormière (Paris, 1949) ? –, l'artiste a donc créé les deux versants d'une œuvre qui exalte les sentiments de l'homme dans le mariage. Comme souvent, les neuf textes sont de la main même du compositeur – récemment uni à Claire Delbos, sa première épouse, la fameuse Mi – et dépassent le sentimentalisme pour évoquer mystère et spiritualité.
Abordant Messiaen après leur récente immersion debussyste (deux volumes chez le même éditeur : 8.550759 et 8.570993), Jun Märkl et l'Orchestre National de Lyon font preuve d'une belle plastique. En dehors de quelques attaques incisives, les musiciens avancent avec douceur et tranquillité, si ce n'est prudence. Soprano à la ligne de chant magnifique (Action de grâces et L'épouse, en particulier), Anne Schwanewilms semble un peu lointaine, nimbée, ce qui accentue l'aspect aérien de sa prestation.
Des pièces aux extrêmes d'une carrière complètent ce programme : Les offrandes oubliées (1931), « méditation symphonique » et première page orchestrale publiée, ainsi qu'Un sourire (1991), hommage à l'attitude souriante d'un Mozart dans l'adversité, qu'avait commandité Marek Janowski et Radio France.
LB