Chroniques

par gérard corneloup

l’Italie baroque de Max Emanuel Cenčić
Armonia Atenea, George Petrou

Nuits musicales d’Uzès / Cathédrale Saint Théodorit
- 22 juillet 2012

Le second volet consacré par le festival uzétien au répertoire des castrats de jadis [lire notre chronique du 15 juillet 2012] quitte le plein air venté de l’agréable site languedocien pour celui de l’ancienne Cathédrale Saint Théodorit, aujourd’hui église de la ville – heureux transfert, pour les musiciens comme pour les mélomanes, s’il est vrai que l’acoustique du lieu (quoique tout de pierre) offre une définition sonore du plus bel effet.

Max Emanuel Cenčić, le contre-ténor invité, a choisi de décliner et illustrer cinq pages associant deux grands maîtres de l’Italie baroque, Antonio Vivaldi et Niccolò Porpora, à deux compositeurs plus oubliés de nos jours, Leonardo Leo (1694-1744) et Giovanni Ristori (1692-1753). Il s’agit également de mêler deux genre bien différents en la matière : d’un côté les arie d’opéra, faisant la part belle aux plus insolentes (et fascinantes) vocalises ; de l’autre les motets, sans doute plus élaborés musicalement et plus subtils. Mariage diversifié, sinon réussi, où les seconds l’emportent peut-être trop sur les premiers…. N’empêche, la musicalité, l’expressivité, l’art du trille, à peine gênés par un rien de dureté dans l’aigu, qu’affiche le jeune artiste font merveille.

Comme, en l’occurrence, il faut au chanteur un partenaire instrumental autant que directionnel, le rôle est tenu par une équipe grecque : le chef George Petrou et son ensemble Armonia Atena – ceux-là même qui accompagnaient le programme händélien de Cenčić à Versailles, tout récemment [lire notre chronique du 9 juillet 2012]. De belles sonorités, mais une vision, une conception, une orientation bien plus classiques que baroques, regardant du côté de Haydn plutôt que de celui des envolées, des élans, de la sensualité des maîtres de la période concernée, même à travers trois concerti grossi par lesquels s’illustrèrent pourtant Händel, Corelli et Scarlatti en leur temps. Soignée, attentive mais finalement peu engagée, la direction du maestro n’arrive pas à « déglacer » le travail un rien routinier d’instrumentistes (dont une contrebasse !) qui restent le nez collé à leur partition.

GC