Chroniques

par hervé könig

Donaueschinger Musiktage 2017 – dernier épisode
Südwestrundkunk Sinfonieorchester, Pablo Rus Broseta

Chaya Czernowin, Diego Grossmann, Márton Illés et Bunita Marcus
Donaueschinger Musiktage / Baarsporthalle
- 22 octobre 2017
Pablo Rus Broseta à la tête du SWR Sinfonieorchester à Donaueschingen
© ralf brunner

Le feuilleton que nous ramenons des Donaueschinger Musiktage 2017 tente de se faire l’écho d’une fourmillante activité musicale, mais il est loin du compte en présentant quelques concerts seulement. Il faut savoir que vendredi, après les concerts de l’ensemble Remix et du Südwestrundkunk Sinfonieorchester [lire nos chroniques de 18h et de 20h], la soirée se poursuivait avec l’echtzeitEnsembl et les ensemble HELIX et Sinfonietta (œuvres de William Dougherty, Nuria Núñez Hierro et Adrian Nagel). Samedi, le Livre I des Metamorphoses de George Crumb était donné à trois reprises par la pianiste Margaret Leng Tan, à l’instar du spectacle TRANSIT et du concert d’Ictus [lire nos chroniques de 17h et de 14h], de même que le banjoïste nord-américain Eugene Chadbourne se produisait en fin de soirée, en même temps que les solistes de l’Ensemble Intercontemporain reprenant Codec Error [lire notre chronique du 15 septembre 2017], alors que la contrebassiste Joëlle Léandre intervenait plus tôt dans NOWJazz-Session, etc.

La clôture, à dix-sept heures, par le Südwestrundkunk Sinfonieorchester sous la direction du jeune chef espagnol Pablo Rus Broseta, résume en son sein l’éclectisme du festival. Encore quatre créations mondiales ! Décidément, les Donaueschinger Musiktage détiennent un record… Passons vite sur White Butterflies pour trombone et orchestre de Bunita Marcus, brève pièce lyrique héritée des minimalistes. Avec Ez-tér, Márton Illés (né en 1975) nous intéresse beaucoup plus. Après un premier mouvement en glissandos croisés alla Xenakis, le compositeur hongrois [lire notre chronique du 22 mars 2009] développe le deuxième dans une esthétique croisant Lachenmann et Rihm avec une personnalité bien à elle. La dernière partie joue sur les attaques, soulignées par les harpes. L’écriture orchestrale se fait alors presque minérale, avec un travail proliférant très subtil.

Après le très très court æquilibrium de Diego Grossmann, renouant avec une facture schönbergienne, Séverine Ballon prend place pour la création de Guardian de Chaya Czernowin, qui lui est dédiée. « Guardian est une pièce où le violoncelle rêve de l'orchestre et vice versa »,explique la compositrice israélienne [lire notre chronique du 1er juillet 2014]. Réalisée avec l’aide de Simon Spillner du SWR Experimentalstudio, l’œuvre commence au violoncelle seul, rageusement exploré, puis s’étend dans un relais des cordes, en vrombissement léger. Un deuxième départ, en sirène, relance l’exécution, avec une section de cuivres robuste et brève. Un autre passage est déterminé par un pizz’ très amplifié, suivi de rebonds. Encore un long solo, puis un tutti qui brouille les sources sonores par une granulosité étudiée. Il y aura encore un grand solo, jouant à tous les niveaux du manche, et Guardian est achevé par un grand cluster glissant. Son caractère apparemment fragmenté déroute la première approche. Il faudra donc réentendre la pièce pour s’en faire une idée plus précise. On admire, en tout cas, la maîtrise de Séverine Ballon, généreusement engagée dans son jeu.

Voilà, c’est fini. Sous l’impulsion de son directeur artistique Björn Gottstein, le Festival de Donaueschingen, comme l’on dit en France, a relevé son défi [lire notre chronique du concert de onze heures]. À l’année prochaine !

HK