Chroniques

par pierre-jean tribot

Siegfried Wagner
Der Heidenkönig | Le roi païen

1 coffret 3 CD Marco Polo (2005)
2.225301-03
Siegfried Wagner | Der Heidenkönig

Fils de Richard Wagner et de Cosima von Bülow, Siegfried Wagner (1869-1930) est élevé au sein du foyer familial jusqu'à la mort de son père en 1883, puis entreprend l'apprentissage de la composition auprès d'Engelbert Humperdinck à Francfort, avant de se lancer dans des études d'architecture à Berlin et Karlsruhe. Arrivé au croisement des chemins, Siegfried choisit de faire carrière dans la musique et il bûche son métier et ses partitions à Bayreuth où il assiste sa mère à la direction du festival. Chef d'orchestre, il assure la direction du Ring ; metteur en scène, il scénographie le Vaisseau fantôme ; directeur, il préside aux destinées du festival, de 1907 à sa mort. Entre ces activités, il trouve le temps de composer de nombreuses partitions, dont dix-huit opéras. Grâce aux efforts des labels CPO et Marco Polo, on possède désormais une solide documentation discographique sur cette œuvre qui souffre évidemment de l'ombre de Richard. D'un style postromantique opulent, situé dans la filiation d’Hänsel und Gretel, les opéras de Siegfried Wagner se déroulent essentiellement au Moyen Âge sur fond de mystères souvent religieux.

La composition de Der Heindenkönig, neuvième opéra de son auteur, remonte à 1914, mais il ne fut créé à titre posthume qu'en 1933 à Cologne. L'action se situe à la fin du XVIe siècle et oppose les chrétiens Polonais et les païens Wends, avec en arrière plan des tensions et des affrontements au sein de l'élite de ces deux peuples. En un prologue et trois actes, cette partition d'une durée de deux heures quarante n'est pas inintéressante : l'orchestration est large mais assez souple et fluide, les mélodies sont assez séduisantes et la structure dramatique solide. Certes, on ne crie pas au génie, mais voilà du travail bien fait et même parfois inspiré.

Malheureusement, la réalisation musicale n'est pas à la hauteur de l'entreprise. L'Orchestre Symphonique de Solingen-Remscheid ne peut relever le défi technique de la partition et il est systématiquement pris en flagrant délit de manque d'homogénéité et de précision. Le chef Hiroshi Kodama tente d'animer le discours avec professionnalisme, mais il est sans cesse trahit par la technique défaillante de ses musiciens. Le chant n'est guère plus à la fête et, à l'exception de l'Elida du soprano Dagmar Schellenberger, ces artistes sont bien en deçà du minimum requis pour aborder une telle œuvre. Certains de ces troupiers mettent nos oreilles à rudes épreuves et il est préférable de ne pas s'étendre sur l'insuffisance de leurs bagages techniques. Le Chœur de chambre polonais, renforcé de l'ensemble théâtral PPP Music de Munich, assurent convenablement, sans plus, les parties vocales.

PJT