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Chroniques
récital Schola Hungarica
Das Gänsebuch – chant médiéval allemand
Assurant le commerce des métaux, des textiles et des épices, la ville impériale de Nuremberg eut une place d'importance dans l'Allemagne des XIVe et XVe siècle. Les bâtiments civils et religieux portent la trace de cette richesse, en particulier les deux églises gothiques St Sebald (dont les travaux débutèrent vers 1230, sur la rive nord) et St Lorenz (commencée sur la rive sud en 1270). Cette dernière, peu après 1500, passa commande d'un ouvrage regroupant les différentes œuvres liturgiques pour chœur. Un tel travail avait déjà été fait en 1421, mais il fallait tenir compte des nombreuses cérémonies s'étant déroulées depuis, et donc de nouveaux chants créés pour ces circonstance. Un premier volume fut achevé en 1507 (par le prébendier Friedrich Rosendorn), puis un second en 1510. Là encore, le soin apporté aux enluminures du recueil complet reflète le prestige lié à cette paroisse. Mais aux lettrines à la feuille d'or, aux scènes commémoratives, s'ajoutent certaines allégories fonctionnant à différents niveaux, facilitant entre autre la critique politique et sociale.
Avec un total de 560 folios (1120 pages), Das Gänsebuch (Le Livre des Oies) est l'unique source encore existante de ce qu'était une messe à Nuremberg avant la Réforme. Son appellation populaire vient d'une illustration en bas-de-page pour la fête de l'Ascension : un loup aux allures de cantor dirige un groupe d'oies rassemblées devant une partition, tandis qu'un renard semble vouloir ravir l'une d'elles. Mais on y rencontre également un singe jouant de la cornemuse, un ours à la viole ou un dragon s'emparant d'un bébé. Cet enregistrement ne présente donc qu'une faible partie de l'ensemble, et souvent pour la première fois – ainsi Heiltumsweisung, la Fête de la Sainte Lance et des Clous, la plus importante à Nuremberg, entre 1424 et 1524 ; ou encore ces messes pour Deocarus et Sebaldus, deux saints patrons de la cité. Le mur nord de l'église comportant un orgue depuis 1444, c'est tout naturellement que la musique de l'instrument vint s'insérer entre les parties chantées.
Le chœur Schola Hungarica, fondé en 1969 par les musicologues László Dobszay et Janka Szendrei, a beaucoup défendu le répertoire grégorien et les œuvres du Moyen Age tardif, en général. Sa caractéristique est d'introduire des voix féminines dans des œuvres souvent réservées, comme ici, aux enfants et aux hommes. Après ses débuts à Brunswick et Hagen, Matthias Ank exerce à Nuremberg ; c'est l'organiste même de St Lorenz que nous retrouvons ici, puisqu'il y fut nommé directeur musical en 1991. Tour à tour posé, enjoué ou recueilli, il joue des pièces souvent brèves de compositeurs peu connus sinon oubliés : Conrad Brumann, Heinrich Finck, Heinricus Isaac, Hans Kotter, Lucas Osiander, Kaspar Othmayr, Conrad Paumann, Arnolt Schlick et Ludwig Senfl.
LB