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Chroniques
Looking Glass
un portrait de Philip Glass
Alors que Waiting for barbarians – créé au Théâtre d'Erfurt en septembre dernier – remet son travail sous le feu des projecteurs, il était intéressant de se pencher sur la carrière et la personnalité mal connue de Philip Glass. Né à Baltimore le 31 janvier 1937, diplômé de la Juilliard School, le musicien découvre Ives et la seconde Ecole de Vienne après 1950, puis remet en cause ses acquis universitaires une dizaine d'années plus tard, avec des professeurs comme Darius Milhaud et Nadia Boulanger.
Musicien controversé, jouant d'abord sa musique dans des lofts ou des musées new-yorkais moins conservateurs que les salles de concert, il sort de la confidentialité (et des jobs alimentaires) en 1976, avec l'opéra Einstein on the beach. C'est la première œuvre d'une trilogie humaniste qui, évoquant ensuite Ghandi et Akhenaton, tend à montrer que les grandes transformations ne viennent pas des guerres mais bien des idées. Avec une trilogie suivante, les films Koyaanisqatsi (1983), Powaqqatsi (1988), Naqoyqatsi (2002) – visibles à la Cité de la Musique de Paris, en décembre 2005 –, ce sont les problèmes sociaux et politiques qui sont plus largement abordés.
Filmé entre janvier et juillet 2003 par Eric Darmon, Philip Glass avoue ne jamais s'ennuyer. Nous le regardons répéter dans son appartement, le suivons dans les locaux d'une station de radio (« les Etats-Unis n'aime pas les artistes »), un théâtre ou une galerie londonienne. Ces tranches de vie sont entrecoupées d'extraits de spectacles (Tirol Concerto, La Belle et la Bête, The Sound of a voice, etc.) ou d'un court-métrage (Notes, de Michal Rovner).
Dommage que le réalisateur ait conservé la trace de tous ces coups de téléphone – supposés mettre de l'animation dans un documentaire déjà bien mouvementé –, au détriment de confessions disponibles en bonus, statiques mais autrement plus intéressantes. Glass y parle de son premier salaire de « casseur de disques » – n'en disons pas plus... –, de la mort de Berio, des deux modèles que sont pour lui John Cage et Ravi Shankar, etc. L'interview de Bob Wilson, en revanche, ne nous apporte rien, si ce n'est d'arides analyses de construction et le constat que c'est un « même sens du temps » qui le lie au compositeur. Attention à des sous-titres français qui disparaissent ou s'affolent dans le deuxième quart d'heure !
LB