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Chroniques
Ferenc Erkel
Hunyadi László
Bátori Mária, premier opéra du compositeur, pianiste et chef d'orchestre Ferenc Erkel (1810- 1893) est créé au Théâtre National de Pest, le 8 août 1840. En octobre, la presse hongroise annonce déjà le titre de son second ouvrage lyrique, mais il faudra attendre le 27 janvier 1844 pour découvrir Hunyadi László, sur cette même rive du Danube. Pour certains, les doutes et les hésitations expliquent le temps passé à méditer l'ouvrage, Erkel étant obsédé par un idéal : créer l'Opéra hongrois. Les tentatives parisiennes d'Auber (La Muette de Portici, 1828), Rossini (Guillaume Tell, 1829) ou encore Meyerbeer (Les Huguenots, 1836) de mettre en scène des fresques historiques où patrie et liberté sont exaltés avaient de quoi stimuler un homme vivant sous la domination des Habsbourg. Dès lors, et à quelques années seulement du soulèvement conduits par Kossuth, le nom seul de ses protagonistes – le suffixe i des patronymes renvoyant à des racines anciennes – s'avère un manifeste. Est-ce un hasard si Erkel remporte, cette même année 1844, le concours ayant pour objet l'Hymne national ?
En trois actes, le livret de Béni Egressy – compositeur lui aussi, en particulier d'une pièce considérée comme le second hymne national du pays – nous entraîne à Nándorfehérvár, Temesvár, puis Buda durant les années 1456 et 1457. Là vivent László et Mátyás, fils du János Hunyadi, héros de la guerre contre les Turcs, que souhaite écarter le gouverneur Ulrik Cillei. C'est finalement lui qui tombe sous les coups des partisans des Hunyadi, une fois son projet découvert. Pour sa propre sécurité, et parce qu'il craint toujours les complots, le roi László V accorde son pardon aux meurtriers. Mais bientôt, sous prétexte de haute trahison, il fait mettre au cachot László pour se rapprocher de sa fiancée Mária, offerte par son père, le Palatin Gara, qui ne souhaite pas de rustre dans la famille. C'est ce dernier qui ordonne le quatrième coup de hache du bourreau, fatal au héros qui aurait dû être gracié suite aux trois premiers qui l'ont épargné.
Daté de 1977, ce film avec comédiens doublés nous fait découvrir un opéra qui rencontra en son temps l'incompréhension du public – ses effets novateurs le firent qualifier de savant. Avec son thème patriotique rappelant la manière de Verdi, son hommage au patrimoine usant de la rhapsodie à la façon d'un Liszt, il nous semble à présent bien daté, et on en conseillera la vision aux seuls amateurs de bel canto. À part les interventions franchement agressives de Sándor Palcsó (le roi), l'ensemble est bien chanté sans être exceptionnel – Jozsef Simándy (László vaillant), Sándor Sólyom-Nagy (Gala ferme), Veronika Kincses (Mária émouvante), Eszter Horváth (Erzsébet Szilágyi expressive), etc. La direction tonique d'Ádám Medveczky met en valeur l'excellence des cordes de l'Orchestre de l'Opéra national de Hongrie.
LB