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Chroniques
Un avvertimento ai gelosi | Un avertissement aux jaloux
opera per soscieta de Manuel García
Après Le Cinesi, I tre gobbi et L’isola disabitata, ces dernières années, Un avvertimento ai gelosi (Un avertissement aux jaloux) est le quatrième opus de Manuel García (1831) représenté à Rossini in Wildbad. Il s’agit d’unopéra de chambre accompagné au piano et joué dans le petit, mais non moins charmant, Königliches Kurtheater. À la différence des éditions précédentes qui faisaient intervenir les jeunes chanteurs de l’Akademie BelCanto du festival allemand, ce spectacle a déjà été donné par l’Accademia di alto perfezionamento du Teatro Carlo Felice de Gênes dirigée par le ténor Francesco Meli, avec (en majorité) les mêmes jeunes artistes.
Dans la mise en scène simple et efficace de Jochen Schönleber, le personnage de Menico s’adresse d’abord au public en portant des cartons de déménagement. Puis il interpelle un autre protagoniste, le pianiste, selon un dispositif théâtre dans le théâtre, comme au cours d’une répétition. On se prépare et l’on pousse le piano en fond de plateau, disposition favorable à la projection des six protagonistes en avant de la scène. L’intrigue est des plus simples : la jalousie maladive de Berto est mise à l’épreuve par sa femme Sandrina, courtisée par le Comte et son secrétaire Don Fabio. Les personnages supplémentaires d’Ernesta, promise au Comte, et du jardinier Menico, rappellent les Nozze mozartiennes.
Si le spectacle intéresse, et encore plus la musique fort bien jouée par Mattia Torriglia, la distribution vocale procure, en revanche, une impression mitigée, en particulier pour le rôle de Sandrina – un peu l’équivalent de Susanna dans Le nozze di Figaro. Mis à part de courts passages vocalisés intéressants, le soprano Martina Saviano se montre, en effet, souvent imprécis d’intonation, en particulier dans la partie grave, régulièrement en défaut de justesse. Son mari Berto est le baryton Willingerd Giménez, capable de puissance mais paraissant pousser, au détriment du beau chant et de la justesse. Le ténor Samuele Di Leo, en Comte à faux ventre, est mieux en place dans l’air charmant Nel vagheggiar quel viso, avec tout de même une agilité perfectible et quelques temps faibles en ce qui concerne la précision.
En Don Fabio, secrétaire du Comte, le baryton Ernesto de Nittis est malheureusement en grande difficulté dès que la partition s’agite un tant soit peu. Son duo avec Sandrina, Io ti vidi, t’ammirai, devient, dans ces conditions, un passage où l’équilibre vocal paraît moins assuré. En revanche, on est davantage intéressé par le timbre sombre du mezzo Eleonora Marras, Ernesta dotée d’une bonne musicalité et suffisamment souple pour les passages d’agilité. Elle défend joliment l’air Quando imbruni or or la notte, tandis que l’autre ténor, Davide Zaccherini en Menico, n’a pas d’air à chanter – dommage, car il s’avère agréable dans les ensembles [lire notre chronique d’Il diluvio universale]. Même si la fin est heureuse, sur les paroles « E trionfi la pace e l’amor », on ne partage pas exactement le même enthousiasme à l’issue de la pièce.
IF