Chroniques

par irma foletti

Große Messe K.427 de Wolfgang Amadeus Mozart
Mélissa Petit, Nahuel di Pierro, Antonin Rondepierre, Eva Zaïcik

La Sportelle, Le Concert de la Loge, Julien Chauvin
Théâtre des Champs-Élysées, Paris
- 7 novembre 2025

Le Concert de la Loge et Julien Chauvin – son fondateur et chef – offrent ce soir un programme Mozart, dont la Messe en ut mineur K.427, dite Große Messe, constitue le morceau de choix (en seconde partie). L’Ouverture des Nozze di Figaro lance les débats. On y apprécie pleinement cette formation qui joue sur instruments historiquement renseignés. De l’archet, Julien Chauvin dirige Mozart vif-argent, les cordes font preuve d’une grande maîtrise de la virtuosité et les vents charment l’oreille, sans aucun début de velléité de couac aux cuivres, instruments se montrant pourtant souvent capricieux quant à la précision de l’intonation.

Ces qualités se confirment au cours de la Symphonie en ut majeur n°41 K.551, dite Jupiter, interprétée avec un brillant certain, en particulier de la part des cuivres dans les points de tension du discours symphonique. Les attaques collectives sont précises, avec un mordant qui ne tombe jamais dans l’agressivité, et l’équilibre entre pupitres paraît idéal. Tout juste trouvera-t-on aux deux violoncelles et à l’unique contrebasse un petit déficit de puissance et de présence, en comparaison des onze violons, cette remarque concernant uniquement le deuxième mouvement (Andante cantabile). L’ensemble retrouve son plein équilibre lors des deux derniers chapitres, avec le sympathique clin d’œil du quatrième qui cite un passage des Nozze.

Julien Chauvin délaisse son violon après l’entracte pour se consacrer totalement à la direction et à la coordination des forces vocales et instrumentales. Le chœur La Sportelle est, pour nous ce soir, une formidable découverte. Les timbres sont de qualité, l’ensemble homogène et élégant, bien équilibré avec la formation orchestrale. Chaque pupitre, d’en moyenne six éléments, se sépare en deux pour les numéros à double chœur, suscitant plusieurs déplacements des artistes au cours de l’exécution, chaque groupe, réduit donc en nombre, conservant tout de même son identité et sa présence acoustique.

Dans le Kyrie, le soprano Mélissa Petit ne se montre pas volumineux, mais très souple et précis dans le registre le plus aigu, moins à l’aise dans le grave ; la chanteuse est aidée par l’orchestre qui, en un instant, se montre plus discret. Le mezzo Eva Zaïcik relève avec brio les défis techniques du Laudamus te, véritable air de concert aux redoutables difficultés, entre longs passages d’agilité et grands intervalles à franchir. Le timbre est de belle qualité et l’interprète y met du panache, par exemple lors du passage de trilles successifs montant sur la portée. Les deux solistes masculins sont bien moins sollicités, privés d’airs en propre. Le ténor plutôt délicat Antonin Rondepierre participe au trio Quoniam tu solus Sanctus, mais plutôt effacé derrière les voix féminines. Chantant uniquement le quatuor final, Benedictus, Nahuel di Pierro, basse doté d’un bel instrument grave qu’on apprécie, paraît presque luxueux.

Après de nombreux rappels, Julien Chauvin s’adresse au public « …cette messe de Mozart n’étant pas tout à fait terminée, sans Amen en conclusion, il est normal que vous en demandiez encore… ». Et d’accorder en bis le dernier numéro du Benedictus, en quatuor de solistes et double chœur.

IF