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Chroniques
Aida | Aïda
opéra de Giuseppe Verdi
Troisième ouvrage donné au Sferisterio, espace à ciel ouvert tout en largeur, Aida est la reprise de la production de Francesco Micheli. Le metteur en scène, également directeur artistique du Macerata Opera Festival depuis l'été 2012, vient d'annoncer, à la surprise générale, qu'il quittait la manifestation à l'issue de la présente édition. Il est vrai que depuis son arrivée, le festival a gagné en qualité et en fréquentation. Il part en laissant une situation saine à son futur successeur, tout en ayant déjà programmé l'affiche 2018 : L'Elisir d'amore, Don Giovanni, La traviata. L'émotion est donc présente en cette dernière soirée [lire nos chroniques de la veille et de l’avant-veille], redoublée par l'invitation au spectacle de plusieurs centaines de sinistrés du tremblement de terre dans cette région des Marches, il y a tout juste un an.
Créée en 2014 à Macerata (en collaboration avec le Teatro Comunale de Bologne), la mise en scène de Micheli s'articule autour d'un élément de décor très massif, quitte à se laisser enfermer par celui-ci, à tous les sens du terme... Un ordinateur portable géant en position ouverte sert à la fois de praticable aux protagonistes et de support aux projections vidéo : des images très graphiques, comme ces vaguelettes pendant la scène du Nil, des hiéroglyphes ou encore des mots. Ce sont les noms des personnages qui s'affichent à leur entrée en scène, ou bien quelques mots clés qui se veulent didactiques. Dans l'ensemble le traitement est élégant mais tend à figer les personnages et les situations dans un statisme hiératique. Au quatrième acte – on s'y attendait un peu ! – c'est le laptop qui se referme sur Aida et Radamès pour les emmurer vivants, et Amneris parvient à marcher sur la partie supérieure.
L'Orchestra Regionale delle Marche est toujours de bonne qualité intrinsèque. Il se hisse à un niveau encore supérieur sous la baguette de Riccardo Frizza qui, dans une économie de gestes, parvient à un résultat nuancé, détaillé, agréablement varié. Bien en place de manière générale, on détecte encore de petits décalages chez les chœurs, problème peut-être inévitable dans un lieu aux si grandes dimensions ?...
L'Aida de Liana Aleksanyan démarre plutôt discrètement, mais elle maîtrise tout du long sa partie, toujours avec musicalité ainsi qu'une ligne de chant bien assurée. En Amneris, Anna Maria Chiuri est moins stable dans son émission ; le volume est certes plus important mais le vibrato également. Stefano La Colla fait belle impression en Radamès, d'une projection puissante qui correspond tout à fait aux conditions de ce grand espace. On peut quand même lui reprocher un manque certain de variations des couleurs vocales. Le baryton Stefano Meo rencontre de nombreuses difficultés en Amonasro, ses aigus fragiles ayant tendance à se dérober. Giacomo Prestia fait entendre en Ramfis une voix très usée, monolithique avec quelques sons fixes, tandis que Cristian Saitta en Roi est plus satisfaisant, avec un chant franc et sonore.
IF