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Chroniques
Walter Braunfels
Prinzessin Brambilla | Princesse Brambilla
Au début du XIXe siècle, pour l'écriture de sa nouvelle Prinzessin Brambilla, E.T.A. Hoffmann s'inspire du travail de Jacques Callot et plus précisément d'une série de vingt-quatre eaux-fortes représentant des figures grotesques autant que familières de la commedia dell'arte. En 1909, Walter Braunfels (1882-1954) vient à cet univers par une œuvre légère et joyeuse, présentée comme antiwagnérienne, s'inscrivant dans une tradition romantique tardive. Dès les trois notes d'introduction, la filiation avec Richard Strauss est évidente, mais pas moins le cousinage avec Schreker, Zemlinsky ou Weill – le traitement du chœur surtout. Ses cinq scènes avec prologue sont créées au Hoftheater de Stuttgart, le 25 mars de la même année, sous la direction de Max von Schillings.
Lors d'un Carnaval romain, à la fin du XVIIe siècle, le Prince Bastianello da Pistoja et son serviteur Pantalone imaginent comment apporter une joyeuse confusion autour d'eux, parmi les amoureux en particulier. Déguisé en sorcier, le Prince fait de la réclame pour ses remèdes magiques quand passe Claudio, un jeune comédien en crise identitaire, se lamentant sur son sort auprès de son ami Gascon. Comme par magie, un convoi apparaît conduit par Bastianello, transportant en chaise à porteur la mystérieuse et invisible Princesse Brambilla. Elle vient à Rome pour retrouver son amant Cornelio, un Prince d'Assyrie qui s’est cru comédien et l'a abandonnée. Décidé à abandonner sa chère Giazinta – une simple couturière –, l'ambitieux Claudio finit par acheter les lunettes magiques proposées par le charlatan, puis se persuade que la Princesse est tout pour lui. Pendant ce temps, Giazinta travaille sur une robe blanche commandée par Bastianello, en rêvant d'être une princesse. Sa vieille amie Barbara, une femme abandonnée, lui chanterait plutôt sa désillusion des hommes… Venu chercher la robe, Pantalone reconnaît en elle son ancienne maîtresse et s'éclipse bien vite. Mais Barbara a un doute et le suit, tandis que le comédien arrive pour rompre. La nuit tombe. Pantalon s'arrête dans une auberge où il annonce la folie de Claudio, puis invite l'assemblée au Palazzo Pistoja où celui-ci débarque peu après, convaincu d'avantage de son origine assyrienne. Pour la suite, Bastianello a besoin de la complicité de Giazinta : devant la foule des buveurs, le visage voilé, elle apparaît en Brambilla. Le sorcier essaye de raisonner Claudio sur son véritable amour, la pauvre couturière, mais le jeune homme la rejette publiquement. Piazza Navona, c'est alors l'heure de la fête : tandis que Barbara met la main sur Pantalone flirtant avec une jeune fille, Claudio invite la Princesse à danser. À minuit, les masques tombent. Giazinta fait jurer à son Claudio, bien amouraché, de ne jamais plus rêver à une princesse et de se satisfaire d'une couturière. Tandis qu'on annonce leur mariage, Pantalone a de nouveau prit la fuite !
Si l'intrigue est alléchante, l'œuvre n'est pas impérissable et la distribution assez médiocre. Outre que les deux chanteuses manquent cruellement de nuances, la voix ample d'Elena Lo Forte (Giazinta – soprano) est gênée par un vibrato envahissant, tandis que celle d'Ekaterina Gubanova (Barbara – mezzo-soprano) se place de façon indécise. Chez les hommes, le timbre de Peter Paul (Bastianello – baryton) est aigre, le chant d'Eric Shaw (Claudio – ténor) vaillant et lumineux quoique peu souple. Seul Enrico Marabelli (Pantalone – baryton) possède tout à la fois la sonorité, le corps et le style.
Dernier responsable de ce fiasco, le chef Daniele Belardinelli est incapable d'inventer un climat, de poser un paysage – même les chevauchées endiablées sont scolaires. Le Chœur du Wexford Festival est efficace mais il dialogue avec un Orchestre Philharmonique de Cracovie aux cordes approximatives et aux cuivres peu probants. Pourtant, tout s'améliore dans les passages d'orchestre seul, laissant supposer un manque de répétitions derrière tout cela.
SM