Chroniques

par hervé könig

Sándor Veress
pièces pour piano

1 CD Musiques Suisses (2007)
MGB CD 6252
Sándor Veress | pièces pour piano

Peut-être pianiste autant que compositeur, Sándor Veress (1907-1992) apprivoise l'instrument auprès de nombreux professeurs : sa mère pour ses toutes premières leçons, Maria Dömény – « beaucoup de bonne musique, mais seulement peu de technique » –, Emanuel von Hegyi et Béla Bartók. Dans les années trente, sans doute marqué par les nombreuses facettes de son propre apprentissage et sensible aux recherches ethnomusicologique, il se préoccupe de pédagogie musicale qu'il considère intrinsèquement liée à la formation humaine et culturelle en général – Ligeti et Kurtág seront ses élèves.

Complète autant que variée, son œuvre pour piano de l'époque propose des morceaux destinés directement au jeune public : Sonatine pour enfants I et II (1932), Sonatine pour les jeunes pianistes (1933) et surtout Quinze pièces pour piano (1935), toutes basées sur des musiques populaires. Après guerre, il revient à ces dernières – alors qu'il avait délaissé le clavier pour des formes plus vastes – et livre Homage to Wales (1947) sur des mélodies galloises.

À cela s'ajoutent des œuvres plus exigeantes telles la Sonate (1929) – née manifestement de la confrontation avec celle de Bartók, créée trois ans plus tôt –, la Sonatine (1932) – où Veress réalise sa conception de l'écriture moderne, tout en s'inspirant de la musique baroque – et Cinq pièces pour piano (non datées).

C'est parce que la Sonate n'avait jamais été jouée en Pologne que le jeune Jakub Tchorzewski (né en 1981 et récompensé par de nombreux prix) aborde l'œuvre du compositeur hongrois, au printemps 2006. Il décide alors de l'approfondir, ce qui nous vaut de pouvoir découvrir son jeu qui ne manque ni de nuance, ni de robustesse, juste parfois de dessin. Outre les Cinq pièces jouées d'après une copie du manuscrit confiée par le fils du créateur, cet enregistrement contient quelques inédits – körösfői ének et Nógrádi verbunk, qu'on retrouve dans le programme Vingt pièces pour piano (1938) –, grâce à la complicité de la fondation Paul-Sacher (Bâle).

HK