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Chroniques
récital Werner van Mechelen
Eechaute – Hoedt – Lonque – Mortelmans – Peeters
En phase avec l’histoire de l’opéra, le baryton-basse Werner van Mechelen chante les musiciens baroques et classiques (Telemann, Pergolesi, Mozart), ceux du XIXe siècle (Wagner, Verdi, Massenet, Lalo), sans oublier ceux qui marquèrent le XXe (Berg, Strauss, Ligeti) [lire notre critique du DVD Le roi d’Ys (Liège), Don Quichotte (Bruxelles) et Le grand macabre (Barcelone)]. Bien évidemment, le récital est aussi pour lui un moment privilégié, durant lequel il peut explorer les grands cycles signés Schubert, Schumann et Brahms.
Donné en compagnie du brillant pianiste Peter Vanhove (élève de Brouwers, Blumenthal, Alfidi et van Beveren), le chanteur propose « un bouquet de fleurs oubliées », soient des mélodies écloses en Flandres au début du siècle dernier, dans les derniers feux de l’impressionnisme. Nés entre 1868 et 1904, leurs cinq jardiniers au programme ne font pas preuve d’audace, persuadés que l’expérimentation extrême était marginale et condamnée à le rester. Comme le rappelle Yves Knockaert, « ils choisirent donc de tester les possibilités modernistes, déjà exploitées par des collègues étrangers, afin de pouvoir, plus tard, les développer à leur propre manière ». C’est pourquoi l’écoute s’avère plaisante mais dépourvue de surprises – si ce n’est d’entendre, parfois, résonner la langue flamande.
Influencés par différents courants – du romantisme tardif jusqu’à cet « éclectisme » conduit par un de Jong « à la créativité jouisseuse qui ne résiste pas aux influences les plus diverses » [lire notre critique du CD] –, nos compositeurs puisent à des sources littéraires variées : Lodewijk Mortelmans (1868-1952) choisit Baudelaire, Gezelle, van Meurs et Verriest, Henry Georges d’Hoedt (1895-1936) Samain et Verlaine, Georges Lonque (1900-1967) opte pour Adelaar-Leon, Baudelaire, Bastian, Cavens, Dupont, Le Goffic et Marlow, Flor Peeters (1903-1986) pour la poétesse Alice Nahon, tandis que Prosper van Eechaute (1904-1964) apprécie Eugène de La Croix.
Usant de tendresse plus que de vaillance, Werner van Mechelen évoque pêle-mêle amours tourmentées, fin des illusions, solitude et vieillesse contre lesquels sont un baume souvenir, sommeil ou caresses. Bien évidemment, comme il convient à l’époque, la nature est omniprésente, qu’elle serve de cadre à une pensée mélancolique ou de point de comparaison pour peindre l’être cher.
LB