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Emblème de la danse classique, symbole du rêve romantique, Le lac des cygnes ne peut laisser indifférent par l'audace des émotions qu'il suscite, la structure de sa chorégraphie sur la musique de Pior llich Tchaïkovski, dirigée par Viktor Fedotov. Ce ballet en trois actes et quatre scènes opposant deux séquences festives à deux autres très poétiques près du lac, est issu de la chorégraphie de Marius Petipa et Lev Ivanov. La version de Konstantin Sergeïev (datant de 1950), dansée par le Ballet du Kirov a été enregistrée au Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg en décembre 1990 (c'était alors encore à Leningrad). Elle a la particularité d'offrir un dénouement heureux.

En effet, la jeune princesse Odette – Yulia Makhalina – métamorphosée en cygne blanc par le magicien Rothbart – Eldar Aliyev – accorde son pardon au prince Siegfried – Igor Zelensky – qui l'a confondu avec Odile à l'occasion du bal donné pour sa majorité. Le sortilège mis en place est alors rompu. Rothbart meurt tandis que le prince subjugué par la grâce d'Odette lui jure fidélité à jamais. Le double rôle d'Odette/Odile est riche en oppositions.

Ces deux personnages aux prénoms similaires sont volontairement dansés par la même ballerine, l'un représentant la pureté, l'autre le maléfice. Outre les multiples difficultés techniques à relever, toute l'intensité dramatique du ballet repose donc sur le jeu d'interprétation. Dans le rôle d'Odette, Yulia Makhalina mérite une médaille pour sa réalisation : placement géométrique, belle hauteur de jambe, élégance de l'adage romantique de l'Acte II. Elle reste cependant moins convaincante dans le célèbre pas de deux du Cygne Noir à l'Acte III ; très souriante, on a beaucoup plus de mal à croire en son personnage. Aussi, l'exécution de ses tours fouettés peut choquer car son pied en retiré semble à plusieurs reprises beaucoup trop croisé. Comparés à certaines autres danseuses de renommée internationale, ses bras ne sont pas autant travaillés.

De son côté, Igor Zelensky offre également au spectateur une technique parfaite, acquise au cours de ses classes à l'Académie Vaganova (qui est au Kirov-Mariinski ce que l'Ecole de Danse est au Ballet de l'Opéra de Paris). La fougue avec laquelle il interprète Siegfried caractérise avec brio la jeunesse du prince. On peut toutefois lui reprocher certaines réceptions de sauts laissées au hasard. Il est également étonnant de constater qu'il irradie plus lorsqu'il danse en solo, alors que son rôle ne lui offre que peu de variations. La chimie n'a pas toujours opéré avec sa partenaire, notamment dans le Troisième acte. Cet enregistrement ne vaut pas celui du couple Patrick Dupond et Marie-Claude Pietragalla, enregistré deux ans plus tard sur les planches de l'Opéra Garnier.

Il faut applaudir cependant le travail d'excellence du corps de ballet, exécutant en rythme des figures d'une propreté sans faille dont le dessin général est incroyable. On reconnaît alors la marque de la compagnie de renommée internationale !

L'Orchestre du Kirov (Mariinski) dirigé en 1990 par Viktor Fedotov confirme, quant à lui, qu'il est une institution. Les partitions sont jouées avec exactitude, plongeant avec facilité le spectateur dans le folklore des danses du bal et des moments plus lyriques autour du lac. Les subtiles nuances des mélodies touchent. Tel un discours, elles rendent les mouvements dansés des plus intelligibles. On ne peut que fredonner cette magnifique musique !

MS