Chroniques

par stéphanie cariou

Piotr Illich Tchaïkovski
Евгений Онегин | Eugène Onéguine

2 DVD TDK (2005)
DV-OPEON
Piotr Illich Tchaïkovski | Eugène Onéguine

Réalisée en octobre 2000, cette captation du chef-d’œuvre de Tchaïkovski, au Théâtre du Bolchoï de Moscou où il fut créé jadis, est la reprise d'une production de 1944, mise en scène par Sergei Barkhin. Les décors très réalistes et colorés n'ont pas mal vieillis, et ont été entièrement remis à neuf. Chacun d'eux contribue largement à l'atmosphère et au charme général. La première scène se passe l'été dans le magnifique jardin des Larin, avec un grand arbre près de la maison, et une jolie église dans les champs du fond. Le travail de la lumière insiste sur un soleil qui décline au fur et à mesure que la journée passe. La scène de la lettre se déroule dans la chambre de Tatiana, de style traditionnel, tandis que le temps est orageux (temps peu fait pour dormir, il est vrai…). Le bal de Madame Larin est donné dans l'entrée de sa maison au style boisé et chaleureux. Onéguine fait part de son refus à Tatiana dans un bosquet de bouleaux, alors que le duel a lieu dans un coin désert de la forêt sous la neige.

Changement d'ambiance avec le bal des Gremine dans une gigantesque et luxueuse salle de bal, puis avec le dialogue final entre Tatiana et Onéguine – de nouveau par un soir d'orage, mais l'hiver cette fois – ; l'atmosphère y est mystérieuse et inquiétante, le salon est sombre et éclairé seulement par la lumière d'un poêle décoré. Les costumes collent à l'époque, bien définis (nobles, paysans, bal de campagne, bal de ville…) et pleins de couleurs eux aussi : nippes bariolées pour les paysans, de belles robes blanches pour les dames du bal princiers, une somptueuse robe de velours rouge pour Tatiana lors de la dernière scène, etc.

L'équipe est entièrement locale avec des voix aux techniques propres à l'école russe – voix grave, basses et alti larges et chaleureuses, notamment. La Madame Larin d'Irina Udalova est très maternelle ; la nourrice de Galina Borisova est à l'image des nounous russes traditionnelles, chaleureuses et sympathiques ; Yelena Novak, Olga au beau contralto, fait vivre intensément son personnage ; le Gremine d’Aik Martyrosian est justement digne, loin de la caricature habituelle ; le Mr Triquet d'Alexandre Arkhipof est amusant à souhait. La Tatiana de Maria Gavrilova est cette jeune fille frêle et timide au départ, qui va prendre de la majesté et de l'assurance par la suite ; Nikolai Basov rend son Lenski très attachant, tandis queVladimir Radkin – belle voix de baryton – compose un Onéguine plein de prestance, mais aussi d'arrogance. Les chœurs et les danseurs sont efficaces, et l'orchestre dirigé avec raffinement par Marc Ermler.

SC