Chroniques

par laurent bergnach

Olga Neuwirth
musique de chambre

1 CD KAIROS (2005)
0012462 KAI
Olga Neuwirth | musique de chambre

Née en Autriche en 1968, Olga Neuwirth commence à se faire connaître à partir de 1994, après avoir suivit l'enseignement d'Adriana Hölzsky, Tristan Murail et Luigi Nono. Sa musique explore les décalages, les contrastes, les déformations. Le travail sur la rupture brutale ainsi que sur le timbre y domine, comme le prouve cet enregistrement regroupant six œuvres de chambre. Ainsi, le quatuor Akroate Hadal (1995) nécessite une préparation des cordes avec des pinces à papier et des trombones. settori (extraits, 1999), son second quatuor, puise dans le matériau du premier qui, bien entendu, n'est pas laissé tel quel et en constitue une sorte de commentaire musical. Le Quatuor Arditti, créateur de ces œuvres – respectivement le 4 octobre 1995 à Graz, la ville natale de Neuwirth, et le 23 juin 1999 à Munich –, rend magnifiquement ce climat plus angoissé qu'agressif.

Autre transformation : celle que subit la viole d'amour de Garth Knox pour …?risonanze!... (1996-97). Les sept cordes sont désaccordées les unes par rapport aux autres, tandis que les cordes sympathiques sont accordées un micro-intervalle au-dessus des cordes frottées. Dans…ad auras…in memoriam H., c'est au tour de deux violons de subir un décalage imperceptible mais non impalpable – comme lorsque des figures mélodiques similaires se superposent. Un tambour de bois participe à cette pièce créée à Munich le 22 novembre 1999.

Le piano n'échappe pas à l'expérimentation de cette passionnée d'électroacoustique. Pour Quasare/Pulsare (créé à Vienne le 17 mars 1996), Neuwirth offre à un violon déjà préparé la compagnie d'un piano aux cordes parcourues de boules de silicones et autre mousse polyuréthane. Elle va encore plus loin avec incidendo/fluido (Vienne, 1er avril 2000), pour piano et CD intégré, où une zone restreinte du médium est explorée. Outre un chromatisme en partie affecté par des déviations microtonales, le lecteur de disque, placé dans l'instrument, diffuse des ondes Martenot générées électroniquement et privées d'harmoniques : le piano devient un résonateur pour des sons qu'il n'a pas produit. On retrouve ici la frappe énergique de Nicolas Hodges, interprète habitué aux collaborations originales (Birtwistle, Harvey, Kagel, etc.).

LB