Chroniques

par samuel moreau

Marco da Gagliano
La Dafne | Daphnée

1 CD Arion (2008)
ARN 68776
Marco da Gagliano | La Dafne

Né et mort à Florence (1582-1643), Marco da Gagliano fait ses études avec Luca Bati auquel il succède comme maître de chapelle à San Lorenzo. En 1611, il est ordonné prêtre et devient le musicien attitré des Médicis avec l'aide desquels il créé l'Accademia degli Elevati ; celle-ci réunit musiciens, compositeurs et poètes dans la mouvance de la Camerata Bardi, du nom de ce comte de Vernio qui s'était intéressé aux idéaux de la Grèce ancienne et au renouvellement de la tragédie, que l'on supposait avoir été chantée. Pionnier de l'écriture d'opéra, Gagliano saisit l'importance de son contemporain Monteverdi dont il s'inspire pour La Flora (1628), son deuxième ouvrage lyrique. Quelque vingt ans plus tôt, c'est le cardinal Ferdinando Gonzague, fils cadet du duc de Mantoue, qui lui commande son tout premier opéra, à l'occasion de ses noces avec l'infante Marguerite de Savoie : une partition pour accompagner le livret de La Dafne écrit par Rinuccini, déjà mis en musique par Jacopo Peri (1561-1633) au profit d'une pastorale. Respectant le recitativo florentin, l'œuvre est créée au mois de janvier 1608, à l'époque du Carnaval.

Abordant un ouvrage qui rend hommage à l'auteur des Métamorphoses – c'est le personnage d'Ovide qui chante en premier lieu –, le violiste Jay Bernfeld confie : « La simplicité mélodieuse de Gagliano lorsqu'il met en musique chaque personnage individuel et la variété des techniques polyphoniques avec lesquels il rehausse la joie ou la tristesse de ses madrigaux m'intéressent depuis toujours – et ce fut une grande joie de me rendre compte que la distribution parfaite s'était réunie, comme par magie, autour de notre ensemble ».

En effet, les sept musiciens de Fuoco E Cenere sont en bonne compagnie. Si l'on veut bien excuser le timbre terne de la basse Philippe Roche (Pastore), la voix un peu tremblante de Guillemette Laurens (Venere) et le Tirsi pas toujours sûr de Benoît Porcherot – qui n'empêchent pas l'harmonie de chœurs très équilibrés –, on se régalera de la voix saine autant que dépourvue d'agressivité du ténor Mathieu Abelli (Apollo), de celle enveloppante de Chantal Santon (Dafne) et du timbre coloré et juvénile de Daphné Touchais (Amore). La vivacité de l'ensemble apporte un charme supplémentaire à cette version donnée en avril 2007 à la Maison de Radio France.

SM