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Cela faisait longtemps que la discographie de Riccardo Muti était à l'arrêt. On est donc heureux de le retrouver dans un projet qui lui tient à cœur : l'enregistrement des grandes œuvres religieuses deLuigi Cherubini (1760-1842). Son précédent disque dans cette série proposait une œuvre majeure et méconnue de l'Italien, la Messe dite de Chimay. Cette nouvelle parution propose, elle aussi, une rareté : la Missa Solemnis en mi majeur, composée dans les années 1817-18, qui est cependant d'intérêt moindre et d'inspiration inégale.

Le Kyrie est une page assez statique où le chœur n'est accompagné que par les cordes : mais il est d'une expressivité intense, alors que le Gloria est très conventionnel, lourdement orchestré à grands coups de cuivres et de percussions et, pour tout dire, pompeux et interminable. La partie la plus intéressante de cette messe est son long Credo élaboré, à l'instrumentation soignée, dont les multiples épisodes sont efficacement caractérisés. Suivent un Sanctus tonitruant, fort court et oubliable, et un Hostias au climat pur, particulièrement fervent. L'Agnus Dei est une magnifique conclusion, apaisée et mélodieuse, dans laquelle le cor et la flûte se voient offrir quelques phrases rayonnantes.

Avec Ruth Ziesak, Marianna Pizzolato, Herbert Lippert et Ildar Abrazakov, Riccardo Muti dispose d'un bon quatuor vocal pour défendre cette messe – un quatuor au rôle cependant assez effacé –, mais encore peut-il compter sur le merveilleux Chœur de la Radio Bavaroise qui accomplit des prodiges de transparence, et sur le toujours impeccable Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise.

Le disque est fort court, bien qu'il soit complété par le bref et serein Antifona sul canto fermo, motet a capella, et par Nemo Gaudeat, pour solistes, chœur et deux orgues, au traitement fugué virtuose. Quoique dispensable, la qualité de ses protagonistes et le talent du chef, dynamique et puissant, font de ce CD un complément bienvenu à la discographie de Cherubini.

RL