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Chroniques
Kent Nagano et le Berliner Philharmoniker
Gerschwin, Lincke, Matsushita, Ravel et Zhao
En DVD, le concert traditionnel donné annuellement dans le cadre aéré de la Waldbühne par l'Orchestre Philharmonique de Berlin (Berliner Philharmoniker) est devenu le pendant décontracté et populaire du très guindé et souvent ennuyeux Concert du Nouvel an de la Philharmonie de Vienne. Chaque cru est presque systématiquement édité sur support vidéographique mais, comme pour le concert viennois, le correct est plus souvent d'actualité que l'exceptionnel. Pour l'instant, de toutes ces parutions il faut thésauriser la Nuit américaine dirigée par Simon Rattle en 1995.
Le cru 2000, sous la direction de Kent Nagano, s'annonçait sur le papier bien prometteur. Placé sous le titre de Nuit du rythme et de la danse, le chef proposait un parcours à travers l'Europe, l'Asie et les Etats-Unis. Malheureusement, le résultat s'avère très inégal et, au final, assez décevant pour des interprètes de ce niveau.
On peut passer sans s'attarder sur des songs de Gershwin chantés de manière raide par une Susan Graham dans un petit soir, et surtout sur un hommage au même Gershwin par Jean-Pascal Beintus. Cette partition pour deux pianos jouée par Mari et Momo Kodama (respectivement l'épouse et la belle sœur de Kent Nagano) relève de la catégorie des pires arrangements de jazz pour orchestre symphonique.
Le niveau et l'intérêt montent légèrement avec une Valse et une Suite n°2 de Daphnis et Chloé de Ravel, puissantes mais avares de finesses et de sensualité. Finalement c'est la partie asiatique du concert qui nous comble. La suite d'orchestre du film Adieu ma concubine de Zhao Jiping mêle instruments traditionnels et orchestre symphonique. Le résultat est du meilleur effet, tant la science de l'orchestration de Zhao sait créer de subtils climats.
Mais le sommet de ce concert réside dans la prestation d'Eitetsu Hayashi, l'un des grands maîtres duwadaiko, le tambour traditionnel japonais. Avec une virtuosité ébouriffante, il interprète Hi-Ten-Yu, un concerto pour wadaiko et orchestre d'Isao Matsushita, puis l'une de ses compositions : Utage pour tambour solo. Rude transition avec l'éternellement lourd Berliner Luft de Paul Lincke qui clôt par tradition ce concert.
PJT