Chroniques

par samuel moreau

Jacopo da Bologna
madrigaux

1 CD Ars Musici (2001)
AM 1274-2
Jacopo da Bologna | madrigaux

Ayant vécu au XIVe siècle – les encyclopédies ne se mettent pas d'accord sur des dates de naissance et de mort, même approximatives… –, Jacopo da Bologna fut un des théoriciens de l'Ars Nova. Entre 1340 et 1360, il joua en effet un rôle prépondérant dans le développement de la musique polyphonique en Italie, alors qu'il était au service de la cour des Visconti à Milan, puis de celle de Mastino II della Scala à Vérone. Outre le motet et la caccia (ou chasse, qui propose deux voix se répondant à l'unisson ou à l'octave et en alternance), c'est le madrigal au tout début de son apparition qui est à l'honneur sur ce disque.

De 1339 à 1349, il connut le règne de Luchino, et deux œuvres de ce volume y font directement référence : Lux Purpurata loue ses talents de gestionnaire tandis que O in italia célèbre la naissance de ses jumeaux, nés en 1346. Le protecteur de Jacopo étant mort en janvier 1349 (conséquence d'une épidémie de peste ? empoissonnement ?), le musicien rejoint la cour de Vérone. Là, il est en compétition permanente avec deux autres musiciens, les maîtres Piero et Giovanni da Cascia – le second ayant établi l'Ars Nova à Florence. La ville abritait alors bien d'autres créateurs : Dante, Pétrarque, mais aussi Marchetto da Padova, auteur de trois traités de théorie musicale, dont le célèbre Lucidarium in arte musicae planae, réputé pour ses études sur le chromatisme. La vie auprès des Visconti, famille agitée de luttes intestines et de violentes trahisons, celle à Vérone, jalonnée de rivalités artistiques, expliquent les sous-entendus et autres sarcasmes qu'on peut relever dans les textes de ses compositions.

Spécialiste du répertoire de la fin du Moyen Âge, l'Ensemble Project Ars Nova, fondé à Bâle en 1980, a enregistré ici la moitié de ce qui nous est parvenu de Jacopo da Bologna. Les chanteurs Laurie Monahan (mezzo-soprano) et Michael Collver (contreténor), accompagnés par Crawford Young et Sterling Jones, nous font entendre le travail subtil du madrigaliste avec beaucoup de légèreté et de douceur.

SM