Chroniques

par l'éditeur

Jérôme Dorival
Hélène de Montgeroult – La Marquise et la Marseillaise

Symétrie (2006) 420 pages
ISBN 978-2-914373-16-6
Hélène de Montgeroult (1764-1836), professeur de piano au Conservatoire

Reconnue en France comme la meilleure pianiste de son temps, Hélène de Montgeroult (1764-1836) fut nommée professeur de piano au Conservatoire en 1795, bien qu'elle n'ait jamais donné de concert public. « Femme libre », elle adopta des valeurs d'une réelle modernité, refusant de se réfugier dans le statut de victime malgré des aventures aussi incroyables que malheureuses. Sa vie l'entraîna à composer une musique d'intériorité refusant le « commerce de la virtuosité », alors en pleine expansion. Par ses valeurs alternatives et cette distance avec son temps, sans concessions ni compromissions artistiques, Hélène de Montgeroult appartient désormais au nôtre. Qualifiée de « savante musicienne » et donc peu comprise alors en France, elle n'en composa pas moins une musique où l'émotion se mêle profondément à la science.

« Madame de Montgeroult a été placée dans cette collection parmi les artistes parce qu'il est plus rare d'être un talent du premier ordre que marquise et femme du grand monde, surtout lorsque la nature prodigue l'a donné dans une position qui pouvait s'en passer. N'eût-elle pas eu ce talent, elle eût été brillante dans la sphère où elle était naturellement placée, car elle était douée d'esprit et de beauté. Elle était du petit nombre de ces femmes qu'on ne peut rencontrer sans s'arrêter pour les regarder. Une taille élevée, la tournure imposante, la peau de cette finesse et de cette teinte brune-unie des climats chauds, les cheveux, les yeux parfaitement noirs, et ce regard tour à tour perçant ou d'une sensibilité enchanteresse qui annonce une imagination vive et des sentiments profonds. Son esprit était aussi distingué que sa personne. Son amie Madame de Staël en faisait grand cas, et elle la nommait mon Impératrice… » Ainsi s'exprime Louis Girod de Vienney, baron de Trémont.

Elle aimait entendre l'opéra italien autant que jouer ses contemporains Mozart et Haydn et fut la première à faire connaître aux pianistes le style de Johann Sebastian Bach. Son monumental Cours complet, commencé vers 1788 et publié vers 1812, montre que le piano romantique était déjà présent à Paris sous la Révolution et l'Empire - bien avant l'essor de Mendelssohn et de Schumann.

Jérôme Dorival est musicien (compositeur et clarinettiste) et historien. Né à Paris, il a effectué ses études d'histoire à la Sorbonne auprès d'Albert Soboul, Alphonse Dupront et Dominique Julia, et ses études musicales au Conservatoire de Paris où il a obtenu plusieurs prix. Depuis 1985, il est compositeur au sein du Grame (centre national de création musicale). Ses œuvres pour orchestre, piano ou pour instruments associés à des bandes enregistrées ou à des dispositifs informatiques ont été interprétées en France et dans une quinzaine de pays. Il a également publié La Cantate française au XVIIIe Siècle dans la collection Que sais-je ? aux Presses Universitaires de France.