Chroniques

par anne bluet

Guiseppe Valentini
concerti grossi

1 CD Zig-Zag Territoires (2002)
ZZT 020801
Guiseppe Valentini | concerti grossi

Peintre, poète, violoniste virtuose et compositeur, Valentini (v.1680-v.1746) est une personnalité du XVIIIe siècle fort attachante, bien qu'injustement oubliée par les mélomanes, les instrumentistes, et par les programmateurs d'aujourd'hui. Auteur de nombreux concerti, de quelques cantates et oratorios, Il fut élève de Corelli, et lui dédia son Opus 5, la sonate Corelli. Chiara Banchini le réhabilite, pourrait-on dire, avec cet enregistrement qui explore quelques pages moins connues que l’OnzièmeConcerto Grosso qui, jusqu'à présent, restait à peu près l'unique souvenir que l'on entretint de sa musique.

On est saisi dès l'abord par l'étrangeLargo qui ouvre ce disque. L'Ensemble 415, sans s'appesantir, le donne dans une gravité qu'on pourrait dire nue. Le Concerto n°11 comprend sept mouvements, dans une tonalité générale de la mineur d'une grande tristesse, que l'interprétation présente choisie de ne pas trop appuyer, préférant une certaine dignité à toute sorte d'épanchement. Le résultat est superbe, tout simplement !

Il ne s'agit pas de l'intégralité de l'Opus 7 ; six concertos ont été retenus pour ce disque, alternant mineur/majeur, pour finir dans la même tonalité désolée que le début. Pas ici d'excès dans les attaques, comme cela est devenu presque systématique dans les dernières parutions baroqueuses sur le marché (une mode?...). La lecture reste élégante, sensible, et sans affectation.

Personnellement, j'avouerai un faible pour les mouvements lents, le Largo initial déjà évoqué, mais aussi l'Adagio staccato du Concerto n°2 en ré mineur très énigmatique, ou encore le Grave du Dixième qui pourrait annoncer certaines pages tardives de Haydn. Le grand dépouillement de cette musique est bénéfique comme la fatigue chez l'enfant qui vient de sangloter... Zig-Zag propose là un disque d'une très grande classe dont il conviendra de méditer l'écoute.

AB