Chroniques

par claude fabre

Gioachino Rossini
Torvaldo e Dorliska | Torvaldo et Dorliska

2 CD Dynamic (2007)
528/1-2
Gioachino Rossini | Torvaldo e Dorliska

L'enregistrement dont il est ici question est celui d'une représentation de Torvaldo e Dorliska de Gioachino Rossini. Elle eut lieu en 2006, alors que l'ouvrage fut créé le 26 décembre 1816, à Rome, c'est-à-dire deux mois avant Il Barbiere di Siviglia.

Les opéras de Rossini se distinguent entre opéras seria, opéras bouffe et opéras semiseria. Ce dernier genre est directement issu de la comédie sauvetage, création de la Révolution Française, et dont le maître, en musique, fut Luigi Cherubini. L'exemple le plus illustre en reste Fidelio de Beethoven, avec lequel Torvaldo e Dorliska a bien des points communs sur le plans du livret, de la répartition des personnages et de leur psychologie.

Le livret est l'œuvre de Cesare Sterbini, qui pensait, déjà, à celui du Barbier. Il permet à Rossini de faire ressembler son geôlier à Leporello. L'opposition entre la méchante basse et le geôlier (basse bouffe) est un des grands attraits de l'ouvrage, de même que le premier final et tout le personnage de Dorliska qui nécessite un soprano extrêmement virtuose.

En ce qui concerne cet enregistrement, directement issu du Rossini Opera Festival de Pesaro, il est confié à l'Orchestre Haydn de Bolzano et de Trente, sous la direction de Victor Pablo Perez. On regrette que ce chef n'ait pas su ou pas voulu conférer à l'œuvre tout le rythme qui l'apparenterait au western annoncé dans la plaquette de présentation. De même, la voix quasiment blanche de Bruno Praticò enlève au personnage de Giorgio, le geôlier, une bonne part de sa crédibilité. Par contre, Michele Pertusi, dans le rôle du méchant duc, confine à la perfection. Darina Takova est une excellente Dorliska qui tour à tour fait rêver, trembler ou même pleurer. Francesco Meli est son double masculin, avec une dose trop limitée de charme.

Quoi qu'il en soit, Torvaldo e Dorliska mérite d'être mieux connu : il ouvre la voie à La Gazza ladra ou Guillaume Tell et, plus généralement, au grand opéra du XIXe siècle.

CF