Chroniques

par laurent bergnach

Felix Mendelssohn
Quatuors Op.44 n°1 – Op.80

1 CD Zig-Zag Territoires (2003)
ZZT 030702
Felix Mendelssohn | Quatuors Op.44 n°1 – Op.80

Créé en 1997, le Quatuor Psophos doit son appellation au mot grec qui signifie l'événement sonore. Ce nom n'est pas usurpé quand on écoute les quatre jeunes femmes formées au Conservatoire National Supérieur de Lyon, puis à Paris, par le Quatuor Ysaÿe. De prix en prix à différents concours (Londres, Osaka, Florence, Bordeaux, etc.), le quatuor séduit la presse, les mécènes mais surtout le public de nombreux festivals internationaux.

Ce sont des œuvres de Felix Mendelssohn qu’Ayako Tanaka (violon), Cécile Grassi (alto), Bleuenn Le Maître (violon) et Ingrid Schoenlaub (violoncelle) nous permettent de (re)découvrir : le tendrement vivace opus 44 et le sombre opus 80. De ce dernier, elles disent : « Son écriture tourmentée n'est plus celle du Mendelssohn des opus précédents mais celle d'un homme qui dans un ultime élan passionné laisse éclater la violence de ses sentiments. L'angoisse est sous-jacente dès l'attaque du violoncelle ».

Avec les classiques viennois, Beethoven fut le grand modèle du compositeur allemand, si bien qu'on peut y trouver là l'inspiration romantique de son œuvre, même si, comme pour Schubert, il est difficile d'en occulter les éléments classiques – qui ne sont pas exclus, dira Charles Rosen, « pour atteindre un résultat foncièrement non-classique ». La fouge romantique éclate dès l'Allegro initial du Quatuor Op.44 n°1. L'époque de composition (1837-1838) correspond à celle de son mariage avec Cécile Jeanrenaud, fille de pasteur. C'est la sérénité qui en émane, alors que dix ans plus tard, l'opus 80 sera à l'opposé de cette recherche.

Le sous-titre de Requiem pour Fanny rappelle la perte de sa sœur morte en mai 1847, mais au delà de ce deuil, c'est pour le créateur une période de crise compositionnelle et d'incompréhension artistique de la part de la presse. Il meurt à trente-huit ans, le 4 novembre de la même année, signant là une de ses dernières œuvres importantes. Mode mineur, instabilité rythmique, dissonances composent un maelström lyrique au cœur duquel nous entraîne toute l'énergie du Quatuor Psophos.

LB