Chroniques

par bertrand bolognesi

Christoph Eschenbach et l’Orchestre de Paris
Hector Berlioz | Symphonie fantastique – Harold en Italie

1 DVD Bel Air Classiques (2006)
BAC 016
Eschenbach dirige Berlioz, salle pleyel, en octobre 2001

À la mi-octobre 2001, dans une salle Pleyel ancien costume, les cameras d'Andy Sommer filmaient pour Bel Air et François Duplat un programme Berlioz donné par l'Orchestre de Paris, placé sous la battue de Christoph Eschenbach qui en avait pris la direction une petite année auparavant.

L'indiquant comme une « symphonie en quatre parties avec alto principal », Berlioz compose son Harold en Italie Op.16 durant la première moitié de l'an 1834, d'abord en répondant à une commande de Paganini et peu à peu en s'écartant du premier sujet – Les derniers instants de Marie Stuart – pour s'inspirer librement de Byron. À l'automne 1834, l'œuvre est créée sans le concours du commanditaire qui, néanmoins, reconnaîtra publiquement la grande admiration qu'elle lui impose. Une nouvelle fois, l'auditeur put alors suivre un programme, comme le confèrent les titres précisés pour chaque mouvement.

Christoph Eschenbach choisie une articulation souple et grave pour Harold aux montagnes, dans un certain recueillement, gérant avec éclat le lent crescendo jusqu'à l'affirmation d'un contraste assez dramatisé. L'excellente Tabea Zimmermann fait alors une entrée discrète sur la diaphanéité des harpes, sans accentuer le côté naturellement âpre de son instrument. Elle livrera plus tard la sonorité à un envol plus lyrique où l'on goûtera une pâte généreusement égale et un bel éventail dynamique. Dès lors, l'on sait avoir affaire à une interprétation sensible et infiniment musicale. Outre une relative raideur du tactus, la conduite d'Eschenbach accuse des problèmes d'équilibre dans la Marche des pèlerins, à l'inverse de l'altiste qui livre des raffinements d'attaque, de texture, voire de nature du son. Le chef installe ensuite la Sérénade dans une touffeur convaincante, laissant la soliste gagner le devant de la scène dans une nudité veloutée. Pourtant, l'Orgie des brigands demeure terne, manque de tonicité, la bacchanale nous préservant de toute insolence derrière une triste conception métronomique et scolaire qui ne raconte rien.

Avant que de jouer cette page du compositeur français, les musiciens de la formation parisienne honorait sa célèbre Symphonie fantastique Op.14 écrite quatre ans plus tôt. Mais là, Christoph Eschenbach imprime à l'exécution du 1er mouvement autant de lenteur que de lourdeur, soignant cela dit un louable travail de nuance. En revanche, Un bal fonctionne mieux, dans un certain danger que souligne une expressivité intéressante ; pourtant, si chaque détail est magistralement asséné, la fluidité ne sera pas au rendez-vous. La Scène aux champs est quasiment décomposée, la Marche au supplice est ennuyeuse – un supplice, en effet ! –, un peu de vie ne survenant que dans le Songe d'une nuit de Sabbat dont la fin ne manque pas son effet.

Rien de réellement passionnant, on l'aura compris, dans ce DVD, d'autant que le réalisateur s'adonne à une gymnastique parfaitement superflue, tant dans les effets de prises de vues parfois alambiquées que dans l'insupportable rythme du montage. On en a même du mal à écouter ! Certes, en tant qu'artiste, il doit être difficile d'arriver à asservir son style à la contrainte du concert ; mais rien n'oblige personne à réitérer si souvent l'exercice avec aussi peu de succès.

BB