Chroniques

par michel slama

archives Luciano Pavarotti
duos d'opéra

1 CD Decca (2014)
478 7583
quinze duos d'opéra avec Luciano Pavarotti, disparu en 2007

Le 12 octobre 2015, Luciano Pavarotti aurait eu quatre-vingt ans. Le tenorissimo nous a quittés un 6 septembre 2007. Depuis, Decca nous abreuve de rééditions et compilations en tout genre, aussi bien en CD qu’en DVD. C’est une sélection originale, faite de duos, pour la plupart extraits d’intégrales d’opéra, qui nous est aujourd’hui proposée.

Ainsi, de Renata Tebaldi en 1970 à Cecilia Bartoli en 1997, on mesure les gloires avec lesquelles Pavarotti s’est mesuré. Excusez du peu : Montserrat Caballé, Mirella Freni, Renata Scotto, Cheryl Studer, Joan Sutherland et Kiri Te Kanawa, pour les dames ! Les extraits proposés sont presque toujours issus d’enregistrements de référence, voire de légende, comme les Bohème et Madama Butterfly dirigées par Herbert von Karajan, Lucia di Lammermoor et Rigoletto par Richard Bonynge, l’Otello injustement méconnu de Georg Solti, réalisé en fin de sa carrière et qui fit mentir sa réputation d’imperturbable impavidité… Il est dommage de constater qu’il n’y ait pas de logique ni de thématique évidentes dans l’organisation de cet album.

Puccini alterne avec Verdi qui a la part belle. Ajoutons un peu de vérisme via Andrea Chénier (Giordano) avec Caballé, le duo des cerises de L'amico Fritz (Mascagni), avec une jeune Bartoli délicieusement méconnaissable. Ponctuons par deux ensembles masculins avec la grande basse bulgare Nicolaï Ghiaurov dans Les pêcheurs de perles (Bizet) – en français ! – et, cerise sur le gâteau bien oubliable, Nessun’ dorma de Turandot avec ses comparses Placido Domingo et Jose Carreras – les « Trois Ténors ».

Deux duos de La Traviata, captés avec Joan Sutherland en 1979 puis avec Cheryl Studer en 1991, ouvrent cette compilation. Comme pour Rigoletto, enregistré à deux reprises (avec Sutherland en 1971, puis avec June Anderson en 1989), l’auditeur découvre combien Big Luciano savait entretenir sa voix et la conserver intacte avec le temps. Formé au « belcantisme », cet autodidacte avait gardé une voix instinctive dont l’or miraculeux s’était forgé au fil des ans, une voix qui ensorcelait ou agaçait. Reflet partiel des grands moments qui jalonnent quarante-cinq années d’une carrière exceptionnelle, ce CD néglige les Donizetti bouffes dans lesquels il s’est illustré, comme L'elisir d’amore, La fille du régiment, mais aussi I puritani (Bellini), Guillaume Tell (Rossini), pour ne citer qu’eux.

Enfin, pourquoi avoir retenu le premier Ballo in maschera de Verdi, avec une Tebaldi épuisée en fin de carrière, plutôt que l’exceptionnelle version dirigée par Solti, avec la flamboyante Margaret Price – son chef-d’œuvre absolu…

MS