Chroniques

par pierre-jean tribot

Antonín Dvořák
Concerto Op.104 n°2 – Trio Op.90 n°4 « Dumky »

1 SACD Harmonia Mundi (2005)
HMC 801867
Antonín Dvořák | œuvres avec violoncelle

Au fil des disques et des concerts, le violoncelliste Jean-Guihen Queyras s'est imposé comme l'un des archers les plus brillants et les plus inspirés de ces dernières années. Après un enregistrement renversant des concerti de Haydn, l'ancien soliste de l'Ensemble Intercontemporain se devait de graver le Concerto en si mineur Op.104 n°2, pour violoncelle et orchestre, d’Antonín Dvořák.

Ce coup d'essai est un coup de maître, car l'interprétation se place d'emblée au sommet de la discographie. Dans ce parcours, le musicien est aidé par le chef tchèque Jiří Bělohlávek à la tête de son Prague Philharmonia. Auteur, du temps de son passage à la tête de la prestigieuse Philharmonie Tchèque, d'un grand nombre d'enregistrements insipides, le musicien ne cesse de nous surprendre. Après une direction retentissante de Rusalka de Dvořák à Paris et De la maison des morts de Janáček à Genève, l'artiste enchaîne quelques disques intéressants, à l'image de ses Danses slaves de Dvořák (Multisonic) et de ses Symphonies de Mozart (Harmonia Mundi). Attentif à la moindre inflexion et nuance de Queyras, il campe un Dvořák léger et vif, pouvant s'appuyer sur un orchestre aux couleurs fruitées et soyeuses. Au diapason de cette interprétation, le violoncelliste allège les phrases, fait chanter les notes et s'intègre à merveille dans le dialogue avec les instruments de l'orchestre. Tout apparaît évident et le discours est d'une fluidité exceptionnelle. Ce Dvořák qui va droit au cœur et à l'esprit, à mille lieux des nombreuses interprétations tonitruantes et vulgaires, relègue au rang des gentils souvenirs quantité d'enregistrements pseudos prestigieux gâchés par une surenchère mielleuse et des plâtrés de cuivres.

Rarement édité avec le Concerto, le Trio Dumky de 1890-1891 se révèle un complément évident. Rejoint par la jeune et talentueuse violoniste Isabelle Faust et le pianiste moscovite Alexander Melnikov, Jean-Guihen Queyras se révèle un chambriste épanoui. Les trois compères livrent une interprétation dansante et chatoyante de ce chef-d'œuvre de la musique de chambre. Il faut également saluer la prise de son de ce SACD Hybride qui participe au bonheur d'écoute d'un disque exceptionnel.

PJT