Chroniques

par laurent bergnach

Wolfgang Rihm | Et Lux
Hilliard Ensemble, Quatuor Arditti

Festival d'automne à Paris / Amphithéâtre Bastille
- 17 novembre 2009
le compositeur allemand Wolfgang Rihm, photographié par Kai Bienert
© kai bienert

Avec Edgar Varèse – dont Péter Eötvös a dirigé une quasi intégrale [lire notre chronique du 3 octobre 2009] –, Wolfgang Rihm est à l’honneur de cette trente-huitième édition de Festival d’automne à Paris. Après Das Lesen der Schrift (Lire l’écriture, 2002), une pièce pour orchestre dont les quatre mouvements furent insérés entre les sept du brahmsien Deutsche Requiem Op.45, et peu avant Über die Linie VII (2006) au programme de la violoniste Carolin Widmann, une soirée est consacrée au seul Et Lux, pour quatuor vocal et quatuor à cordes, où résonnent des morceaux choisis du Requiem de la liturgie romaine – le nom du destinataire (Deus, Dominus), en particulier, n’est pas évoqué. L’œuvre fut achevée tout dernièrement, le 11 octobre 2009, ce qui explique les quelques feuillets libres glissés entre les pages de la partition, et rend encore plus palpable la notion de création.

Dans le fond comme dans la forme, on est ici en terrain connu, si ce n’est dans l’essence du travail de Rihm : tandis que le label Col legno offre une douzaine de quatuors gravés à ce jour, on connaît l’orientation du natif de Karlsruhe vers les œuvres religieuses, depuis Requiescat (1969) jusqu’à Quid est Deus (2007). Au fil des ans, l’adolescent fasciné par le cérémonial catholique a développé un goût musical pour la mystique et le rituel, mais en privilégiant l’intime.

Cette proximité apparaît d’emblée sur les premières mesures : dominant la douceur de cordes cristallines, les membres du Hilliard Ensemble chantent ce qui s’apparente à une berceuse. Le climat s’installe assez longtemps pour donner à la pièce une dimension méditative où règne la sérénité. Car, malgré quelques mots qui claquent ici et là, une courte période d’onomatopées suivant une expiration sonore, des libera me rebondissent allègrement et les Dies irae sont presque rassurants de n’avoir pas à gronder.

Trois semaines après leur dernier récital parisien [lire notre chronique du 28 octobre 2009], nous sommes heureux de retrouver les Arditti, toujours annonciateurs de plaisir et de découverte. Comme les chanteurs debout derrière eux, ils soutiennent cette pièce qui émeut peu à peu, sans recourir à la virtuosité ni au pathos. Le confort de la contemplation est également évité par des ébauches de lyrisme (expressivité) ou de sauvagerie (pizzicati, granulosité, etc.). Prochain rendez-vous parisien donné par les quartettistes : le 15 janvier prochain, avec Aperghis, Dillon, Ligeti et Neuwirth, puis le jour suivant avec Dusapin (Biennale Quatuors à cordes).

LB