Chroniques

par gérard corneloup

Sébastien Daucé dirige Correspondances
Marc-Antoine Charpentier | Motets festifs pour la famille de Guise

Temple Lanterne, Lyon
- 18 janvier 2013
Sébastien Daucé et son ensemble Correspondances jouent Charpentier à Lyon
© dr

Après sept ans d’existence, le jeune et juvénile ensemble Correspondances, lyonnais d’origine mais œuvrant sur l’ensemble de l’Hexagone, semble bien parti pour prendre la suite, pour ne pas dire la relève, des formations se consacrant à la défense et à l’illustration de la musique baroque française. À commencer par celle de Marc-Antoine Charpentier dont on sait, maintenant qu’il n’a pas écrit que le fameux et inusable Te Deum réutilisé par l’Eurovision, mais aussi force partitions, avant tout de musique sacrée, bien souvent (encore) restées dans les tiroirs – en l’occurrence les étages les plus hauts des bibliothèques musicales de France, de Navarre et de l’étranger.

Claveciniste et musicologue, Sébastien Daucé s’est attaché à faire redécouvrir l’œuvre du compositeur avec des partitions complètement oubliées. Présentement, il a choisi des Motets festifs pour la famille de Guise, piquant ainsi la curiosité du mélomane s’étant rendu dans le cadre fort adéquat du Temple Lanterne.

Seulement voilà, pas une ligne sur les raisons de cette thématique, dans le (mince) programme mis à disposition à l’entrée du lieu saint. Pas un mot, alors que quatre pages et demi sont consacrées… à la traduction en langue française des textes sacrés mis en musique, d’un (superbe) Miserere à des Litanies à la Vierge, en passant par une Antienne, une Ouverture pour le sacre d’un évêque et un Annunciate superi ou Motet pour les fêtes de la Vierge – textes d’ailleurs quasiment impossibles à lire dans la pénombre du temple. Dommage et frustrant ! Glané çà et là, on peut simplement rappeler qu’également chanteur le rival de Lully resta plusieurs années au service de Marie de Guise, la propre cousine du roi Louis XIV (décédée en 1685) pour laquelle il écrivit diverses pièces de musique religieuse.

Cela dit, encore convient-il de signaler force et conviction comme maintes qualités techniques développées par les exécutants. À commencer par la direction motivée et motivante, humaine et attentionnée – il ne reste pas le nez dans sa partition comme certains de ses confrères lyonnais – précise et nuancée que développe Sébastien Daucé, depuis le clavecin où il crée les choses. Il bénéficie de la vitalité, des sonorités, des complicités habitant la douzaine d’instrumentistes qui l’entourent, ainsi que des atouts vocaux – inégaux, il est vrai, et manquant parfois d’homogénéité, avant tout du côté féminin – de la huitaine de chanteurs réunis pour l’occasion. Un disque s’impose… avec un texte de présentation des œuvres, bien sûr !

GC