Chroniques

par laurent bergnach

Ritournelles
spectacle de Dietrich Sagert – musique de Nicolas Bacri

Théâtre National de Chaillot, Paris
- 12 avril 2005
Ritournelles, spectacle de Dietrich Sagert, avec le Quatuor Psophos
© thomas maquaire

De quoi est né Ritournelles, spectacle créé le 23 mars dernier, et qui se tient au Théâtre National de Chaillot jusqu'au 17 avril prochain ? Du désir avoué du metteur en scène Dietrich Sagert de travailler avec le jeune Quatuor Psophos, de l'entendre jouer des œuvres de Nicolas Bacri – dont une création : Ritournelles conceptions, entre les opus 18 et 42 –, et sans doute de l'envie des quatre jeunes femmes, talentueuses, de tenter l'aventure d'un autre langage.

Sur un plateau au centre duquel se dressent les parois transparentes d'une serre (avec pots de terre et plantes grimpantes), et dont les montures répondent au métal des pupitres, les musiciennes vont se métamorphoser en diseuses. Seulement voilà, on ne s'improvise pas comédien… Nos « athlètes du cœur », vêtues de noir et pieds nus, semblent à l'aise avec ce défi, mais aux phrases sorties sans intentions – seules Ingrid Schoenlaub (violoncelle) et Cécile Grassi (alto) parviennent à l'émotion – s'ajoute un débit de parole précipité qui finit par nous soûler. Si encore ces évocations étaient intéressantes, mais le montage de textes de Sagert est un salmigondis de réflexions à ras des pâquerettes sur le théâtre (lieu de voyages en intensité), la création, la musique, le temps, les oiseaux… Cela part dans tous les sens, et quand on tient un fil de cette pelote, il nous conduit de Hamlet à Hamlet Machine, puis à Psophos Machine. Déconcertant… Même chose pour la poésie : quand une image est intéressante – « on a de l'herbe dans la tête, et pas un arbre » –, la phrase revient comme un leitmotiv dans la bouche de la violoniste Ayako Tanaka, jusqu'à l'agacement.

La ritournelle a son origine dans la poésie italienne des XIVème et XVe siècles. Aux suivants, le mot désignera un morceau instrumental antérieur ou postérieur aux arias, cantates et oratorios, ou la partie répétitive d'une pièce. La musique de Nicolas Bacri remplit à fond le cahier des charges de la répétition – si ce n'est du sur-place –, empreinte d'un côté suranné qui n'arrive pas à capter l'attention. Même la bande-son offre des bidouillages vocaux d'un film de série Z ! Bref, si les comptines sans fin n'arrivent pas à lasser les enfants, les plus grands, très vite, n'en peuvent plus. « Quelle heure est-il ? » demande Bleuenn Le Maître. « Dix minutes avant la fin », lui répond sa camarade. Merci de nous avoir fait entrevoir le bout du tunnel…

LB