Chroniques

par bertrand bolognesi

récital Károly Mocsári

Musée Claude Debussy, Saint-Germain-en-Laye
- 26 juillet 2003
le pianiste hongrois Károly Mocsári
© dr

Tous les samedis après-midi, du 19 juillet au 30 août, le Musée Claude Debussy de Saint-Germain-en-Laye accueille des concerts dans le salon du deuxième étage qui se prête particulièrement à la musique chambriste ou au récital solo. Ainsi entendons-nous aujourd’hui le pianiste hongrois Károly Mocsáridans un programme principalement consacré à Chopin. Voilà presque vingt ans que cet artiste poursuit une carrière internationale, après avoir été récompensé par de nombreux concours, comme celui de la prestigieuse Fondation Cziffra, ou encore le concours Ferenc Liszt de Budapest, sa ville natale. En ce qui nous concerne, nous avions eu le plaisir de l’apprécier dans son fort bel enregistrement de la très rare Rhapsodie Op.1 de Béla Bartók et lors d’une intégrale de la production pianistique de Rachmaninov au Festival de Montpellier, il y a cinq ans, où il livrait une interprétation mémorable des deux Sonates.

Nous le retrouvons dans une quinzaine de Mazurkas de Chopin, parmi lesquelles il glisse une Polonaise et trois pièces brèves de Ravel. Il n’est pas si fréquent de suivre au concert les mazurkas présentées en dehors de l’unité souvent artificielle d’un numéro d’opus, et en si grand nombre. Károly Mocsáriprésente un Chopin sans emphase, presque aphoristique, avec des ornements rapides assez secs. C’est bien comprendre la place de ces pages dans le parcours du compositeur. Pas d’excès de pédale ni de ralentis sentimentalo-kitch comme on en subit régulièrement. On touche par moment à un effacement grandiose, par exemple au retour du thème à la fin de l’Opus 24 n°4. Malencontreusement, le pianiste doit s’exprimer sur un instrument mal réglé dont les graves accusent un accord fantaisiste et dont la pédale manque cruellement de souplesse. Il lui faut quelques temps pour s’y adapter et le faire sonner au mieux. Remercions-le d’autant plus de perler si délicieusement les aigus et d’articuler les mazurkas sans que cet aléa perturbe outre mesure la régularité du jeu.

La Polonaise naturellement amenée au milieu de la première partie du récital jouit des mêmes avantages : efficace, sans chichis ni blabla, respectueuse et digne. En revanche, les mazurkas de la seconde partie souffrent de quelques erreurs de résolution, çà et là, peut-être des trous de mémoire dus à la recherche de sonorité auquel le pianiste est contraint de s’adonner. On apprécie de vraies qualités de coloriste dans le Prélude de Maurice Ravel, des céder un peu exagérés dans le Menuet sur le nom de Haydn et une digne Pavane pour une infante défunte très qui sait ne point s’éterniser dont le moelleux des aigus est particulièrement soigné.

BB