Chroniques

par gérard corneloup

nuits occitanes
Paulin Bündgen et Céladon

Festival d’Ambronay / Prieuré de la Dame Parisse de la Maladière, Blyes
- 2 octobre 2013

C’est une promenade lyrique originale et bienvenue, poétique et musicale, que propose l’ensemble lyonnais Céladon dans le cadre du Festival d’Ambronay : découverte et exploration des saveurs de tout un patrimoine né, ayant vécu et prospéré dans la France méridionale de l’époque médiévale. Ce répertoire aujourd’hui plutôt négligé fut enfanté par les troubadours, ces poètes de la langue occitane dont l’expression mêlait la poésie et la musique à travers le chant. Souvent les créateurs restèrent anonymes : sur un corpus conservé de plus de deux mille pièces, moins de cinq cents ont pu être attribuées.

Côté musique, deux cents partitions sont recensées – un véritable univers de création et d’expression artistiques, le plus souvent dévolu au beau monde, tant noble que bourgeois et chantant volontiers l’amour courtois autour de l’immuable image de la séduisante belle dame, admirée, aimée, désirée… mais en tout bien tout honneur. En revanche la texture purement musicale en appelle fréquemment au monde de la musique traditionnelle, voire populaire, en particulier arabo-andalouse, justement très proche du monde occitan.

Jeune contre-ténor, créateur et leader de Céladon – qui s’est placé, de par son nom, sous la protection du héros d’Honoré d'Urfé (L’Astrée) – Paulin Bündgen sait parfaitement fixer, diriger et faire évoluer la feuille de route de cette (un peu longue) promenade découpée en trois volets : avant la nuit, pendant la nuit, après la nuit. La partie vocale qu’il défend avec brio, en compagnie de la toute aussi juvénile soprano Clara Coutouly, est en parfaite symbiose avec le groupe d’instrumentistes, avec le même bonheur, à l’équipée : Nolwenn Le Guern à la vièle à archet, Florent Marie au luth médiéval, Gwénaël Bihan aux flutes et Ludwin Bernaténé aux percussions.

Un moment de séduction musicale et poétique, hors des sentiers battus. Rare.

GC