Chroniques

par bertrand bolognesi

Messe à grand chœur de Jacques Antoine Denoyé
Parlement de Musique, Maîtrise de Bretagne, Martin Gester

Festival d’Ambronay / Abbatiale
- 16 septembre 2007
Martin Gester et Le Parlement de Musique au Festival d'Ambronay 2007
© jérémie kerling

Quittant momentanément les landes de la brumeuse Albion, l’Abbatiale d’Ambronay accueille cet après-midi Le Parlement de Musique et La Maîtrise de Bretagne dans un programme français. Comme en juin 2006, en l’Église Saint-Pierre-le-Jeune de Strasbourg, Martin Gester dirige la Messe à grand chœur de Jacques Antoine Denoyé, découverte à la Bibliothèque Royale de Stockholm par son frère, le musicologue Jean-Luc Gester (disparu le 10 mai 2006), spécialiste de la musique en Alsace (du XVIe siècle au XVIIIe). Du compositeur l’on sait qu’il fut symphoniste à la Cathédrale de Strasbourg en 1750 et directeur intérimaire de la musique durant les trois dernières années de sa vie (1757-59), enfin qu’il signa cette messe en octobre 1758.

Nous devons de nombreuses et précieuses éditions à Jean-Luc Gester, dont les études permettront des éclaircissements quant à la vie musicale alsacienne du baroque juvénile jusqu’au crépuscule des Lumières. On ne doutera donc pas de l’intérêt de cette recréation, bien qu’à plus d’un titre l’œuvre s’avère maigrement inventive à l’oreille d’aujourd’hui. De fait, la gravité mariée au recueillement s’y fait monolithique. D’un caractère sensiblement dramatique, le Kyrie explore de sobres procédés imitatifs. Si Christophe Einhorn (ténor), Rodrigo del Pozo (haute-contre) et Jean-Louis Georgel (baryton) satisfont, on regrette la diction difficile du colorature Judith Gauthier dont on ne perçoit que le refus de prononcer le latin à la française. Les trois voix masculines ménagent un bel équilibre au Qui tollis. Si Laudamus Te se montre plus enjoué, dans une couleur constante, le Credo ne manque pas de revenir à une gravité qui pourrait laisser songeur quant à la destination de cette messe. Notons l’introduction délicate du Crucifixus, confié au chromatisme descendant d’un duo masculin. Le Confiteor offre à la masse chorale des bondissements soigneusement menés, dans une fervente tonicité des cordes. Plus ouvragé, l’Amen s’inscrit dans le ton général.

Pour clore ce concert, les artistes ont choisi Laudate Dominum de cœlis, motet à grand chœur sur le Psaume 148, imaginé par Michel Corrette en 1766 à partir du Printemps de Vivaldi. À Ambronay, la fête continue jusqu’au 14 octobre ; ne manquez pas les motets et madriguax de Peter Philips par Leonardo García Alarcón à la tête de la Cappella Mediterranea(30 septembre), ni les cantates italiennes de Händel par La Risonanza dirigée par Fabio Bonizzoni(11 octobre).

BB