Chroniques

par bertrand bolognesi

le désenchantement de la Résurrection
Tout Mahler, troisième programme

Théâtre du Châtelet, Paris
- 4 février 2010

Le Tout Mahler de l’Orchestre National de France se poursuit par ce troisième rendez-vous avec Daniele Gatti au Châtelet, rendez-vous intégralement occupé par la Symphonie en ut mineur n°2, diteRésurrection. Les soirées se suivent et ne se ressemblent pas…

Si le Klagende Lied du mois d’octobre enchantait, l’exécution d’aujourd’hui ne convainc guère. Il conviendra d’en minimiser l’impression en précisant que la répétition générale prévue le jour même ne put avoir lieu, le plateau n’ayant été mis que tardivement à la disposition des musiciens. De fait, le concert commence plus tard que prévu, le temps de brosser quelques raccords. On comprendra aisément que les artistes ne bénéficièrent pas de la sérénité requise.

Cela dit, l’Allegro maestoso commence plutôt bien, avec sa brigade de contrebasses sagement puissante, sans sauvagerie, et cependant tonique. On goûte une certaine épaisseur du geste, loin de la haute définition boulézienne, certes, mais qui se tient, de même qu’une saine gestion de la dynamique. La pâte en est profonde, ne laissant rien à redire quant à la succession réussie des différents climats. Il semble pourtant manquer ce presque-rien sans lequel l’interprétation ne saurait atteindre la démesure de l’inspiration. Comme si la conception de Gatti, pour maintenir habilement la tension, abandonnait la précision du relief.

L’Andante moderato est adroitement nuancé, indéniablement, mais son inflexion toute simple, presque schubertienne, manque, faisant place à une lecture anormalement compliquée. Autre problème pour le troisième mouvement, fluide et tendre pour commencer, mais se perdant bientôt dans la somme des fragments sans trouver jamais la cohérence d’un tout.

Urlicht survient alors dans la grande douceur qu’insuffle Marie-Nicole Lemieux, malheureusement trop vite perdue derrière l’orchestre dont elle devrait survoler la masse. Le Scherzo final s’encombre, s’embrouille, fait ce qu’il peut, grossièrement. Dommage.

BB