Chroniques

par gérard corneloup

La vera costanza | Constance véritable
opéra de Joseph Haydn

Opéra Théâtre de Saint-Étienne
- 13 mai 2011
La vera costanza, opéra de Haydn photographié par Cyrille Cauvet
© cyrille cauvet

Souvent oubliés, longtemps négligés, parfois vainement comparés à ceux du « divin » Mozart et souffrant évidemment de cet improbable quoique contemporain parallèle, les opéras de Haydn furent avant tout composés « à la pelle », afin de servir de divertissements au prince Esterházy, véritable patron musical du musicien. Au fil de cette productivité intense, les ouvrages souffrent beaucoup, de surcroît, de livrets convenus, eux aussi écrits « à la va-vite » par des spécialistes et tâcherons du genre, et volontiers mis plusieurs fois en musique par des compositeurs pressés ou peu curieux.

La vera costanzaappartient au genre, offrant même deux versions, puisque Joseph Haydn dut réécrire la partition après que la première ait brûlé. Il n’empêche, si l’on passe sur un livret invraisemblable, interminable et confus – une inévitable affaire de couples qui s’aiment, se haïssent, se retrouvent, s’échangent, salmigondis où se perd par trop le côté « lutte des classes » du texte –, commis par les sieurs Puttini et Travaglia, la partition offre bien des richesses musicales, en particulier de fort beaux ensembles concertants (il n’y a pas de chœurs) quasiment mozartiens, à commencer par celui originalement placé en une introduction enchainée à une ouverture bien développée.

D’où l’intérêt de cette coproduction – on n’ose dire « polyproduction » – réunissant pas moins de sept scènes internationales, à commencer par le français Opéra Théâtre de Saint-Étienne. Un premier atout l’habite : le metteur en scène italien Elio De Capitani, tout droit issu du théâtre, joue à merveille la carte d’une truculente commedia dell’arte, insolente même, associée aux costumes joyeusement décalés de Ferdinando Bruni, aux décors de Carlo Sala, en regard un peu faibles, mais aux éclairages habiles de Nando Frigerio. Sans parler de la présence d’une équipe percutante de cascadeurs, façon chœur antique revu et corrigé, à la fois bondissants et musclés. Tout est particulièrement bien mis en place ici par Clovis Bonnaud.

Frappée du sceau de la jeunesse, la distribution, d’où se détache le mezzo Federica Carnevale (Rosina), le ténor Cosimo Panozzo (Ernesto) et le ténor Enea Scala (Errico), offre une belle homogénéité, en particulier dans les ensembles, il est vrai coordonnée, stimulée, domptée par la toute aussi jeune direction du maestro José Montaño. Mieux, ce chef aussi engagé que précis, aussi motivé que motivant, sait mobiliser et galvaniser tous les pupitres de l’Orchestre symphonique de Saint-Étienne, en grande forme.

GC