Chroniques

par gérard corneloup

L’Enfance du Christ
trilogie sacrée Op.25 d’Hector Berlioz

Festival Berlioz / Château Louis XI, La Côte-Saint-André
- 22 août 2010
Au Festival Berlioz de La Côte-Saint-André : L’Enfance du Christ Op.25
© gérard gay-perret

D’emblée, avant même que les artistes ne s’installassent sur la scène campée dans la cour du château Louis XI, l’émotion flottait ça et là parmi le public. Elle allait s’étoffer, s’amplifier, croître et embellir tout au long de la soirée – malgré le ronronnement d’origine mal définie, mais constant, indiscret et pour le moins gênant, côté interprètes autant que côté auditeurs – mêlant la scène comme la salle dans une félicité de l’oreille et du cœur, comme on en rencontre finalement assez peu.

C’est que pour illustrer son emblématique compositeur et enfant du pays, le Festival Berlioz II eut l’excellente et louable idée d’inviter Serge Baudo, le grand spécialiste de musique française, qui porta sur les fonds baptismaux, après en avoir eu l’idée, le Festival Berlioz I – (trop) brève manifestation du siècle dernier, unissant alors la ville de Lyon à celle de la Côte-Saint-André, l’orchestre de la première se produisant dans ses murs de l’Auditorium Maurice Ravel, mais venant également jouer dans le hall de la seconde ; des considérations budgétaires, le désintéressement manifeste de la municipalité lyonnaise, le départ de ce chef, cheville ouvrière de l’affaire, tordirent le cou à cette première version.

Baudo retrouve donc Hector et l’Orchestre national de Lyon qu’il dirigea des lustres durant, à travers une partition finalement peu jouée : L’Enfance du Christ, pièce d’envergure un peu en marge de nos jours, alors qu’à l’origine, elle fut de celles qui connurent le succès. La plume est changeante, colorée, quoique desservie par un texte d’une convention désespérante. L’orchestre est superbement sollicité, par pupitres, comme dans la marche nocturnes du début, où par individualités comme dans le merveilleux trio pour deux flûtes et harpe de la fin. À ce titre, la phalange lyonnaise s’avère fort convaincante, de la première à la dernière note, cordes soyeuses, bois clairs, vents décidés, suivant à merveille les indications d’un chef octogénaire vivant intensément cette musique qu’il se plait à détailler dans ses moindres atours.

Vocalement, l’œuvre vaut par ses épisodes choraux – bien défendus par les Chœurs de Lyon-Bernard Têtu et par le chœur Emelthée – tout autant que par ses parties solistes, sinon plus. Des solistes bien inégaux, depuis l’excellent récitant de Sébastien Droy et le Joseph musical d’Olivier Lallouette, jusqu’à la Marie un peu pâlotte de Marie-Claude Chapuis, l’Hérode un peu incertain de Renaud Delaigue et le Père franchement insuffisant de Markus Hollop. Mais l’ambiance générale fit aisément oublier ces quelques faiblesses.

GC