Chroniques

par bertrand bolognesi

Kraftwerk
concert à l’Acelor Mittal

sacrum+profanum / Acelor Mittal, Nowa Huta
- 19 septembre 2008
concert Kraftwerk à l’Acelor Mittal
© dr

Au terme d’une semaine de musique allemande d’aujourd’hui, sacrum+profanum convoque le public dans un grand hall de l’Acelor Mittal, vaste combinat d’acier situé aux portes de Nowa Huta, l’immense cité sidérurgique édifiée à partir de 1949 au nord-est de Cracovie par le socialisme d’alors dont elle deviendra le symbole – par son aciérie saluée comme la plus productive d’Europe, sa croissance démographique et son architecture néostalinienne. Avec les difficultés économiques immanquablement rencontrées dans ce complexe après la chute du bloc communiste, Nowa Huta a largement perdu de sa superbe.

L’on dit, ici et là, qu’elle se tournerait aujourd’hui vers le domaine culturel, au delà d’une mode qui lui vaut certaines sympathies. S’étonnera-t-on que la sixième édition du festival cracovien ait choisi d’y accueillir Kraftwerk pour trois soirées de concerts ? Le célèbre groupe, formé en 1970 par deux garçons du conservatoire de Düsseldorf rejoints quatre ans plus tard par deux autres jeunes musiciens, ne rêvera sans doute pas de lieu plus approprié qu’une usine pour abriter les ambiances industrielles des rythmiques répétitives electro-pop dont il fut pionnier.

Ce soir, Fritz Hilpert, Ralf Hütter, Stéphane Pfaffer et Henning Schmitz attirent quelques quatre milliers de spectateurs. Il en sera de même samedi et dimanche, comme déjà peut le révéler le bureau de vente. Voilà parfaitement observée la charte que ce sont donnés les maîtres d’œuvre de sacrum+profanum : mettre en regard la thématique générale et des événements populaires propres à rendre plus accessible à un public élargi le cœur du programme lui-même. Aux côtés d’un Stockhausen expérimentant l’électronique, la présence de Kraftwerk va de soi, ainsi que celle d’Ute Lemper venue ouvrir les festivités, dimanche dernier, avec les Sieben Todsünden de Kurt Weill.

De The Man-Machine à Tour de France en passant par Vitamin, Computerwelt, Metall auf Metall et Autobahn, les inconditionnels du célébrissime Radioactivity apprécient ces rendez-vous exceptionnels, rendus plus percutants encore par une vidéo-performance omniprésente.

BB