Chroniques

par marion saludas

Giselle
chorégraphie de Jules Perrot

Théâtre de Longjumeau
- 15 janvier 2006
Giselle, par la troupe du Ballet National de Kiev
© youry bilak

Ce dimanche, la troupe du Ballet National de Kiev interprète avec succès Giselle, soit deux heures de pur délice sur la musique d'Adolphe Adam. Symbole du romantisme des années trente et quarante, la chorégraphie signée Jules Perrotmet en lumière le rôle principal de la ballerine.

Le premier acte nous présente Giselle, jeune paysanne qui nourrit des sentiments pour Albert, lequel lui a juré fidélité. Elle ignore que ce dernier est comte et n'écoute pas l'histoire des willis racontée par sa mère : pour avoir trop dansé, ces jeunes femmes ont été transformées en fantômes. Giselle a également un autre prétendant, le forestier Hans qui jalouse fortement Albert. Des sons de cors annoncent l'arrivée de chasseurs et de Bathilde, la fiancée du comte. Charmée par la beauté et la gentillesse de Giselle, celle-ci lui offre son médaillon. Hans, qui avait dérobé l'épée d'Albert, révèle alors au grand jour l'identité de son rival. Mais Giselle ne veut le croire et, de chagrin, en perd la raison.

Dans le deuxième acte, Hans s'approche de sa tombe mais effrayé par Myrthe à la tête des willis, il tombe dans les eaux du lac. Empli de remords, Albert visite lui aussi la pierre tombale. Alors touchée par son chagrin, Giselle prie Myrthe de le laisser s'en aller, et continue de le défendre jusqu'aux premières lueurs du jour, moment où les willis n'ont plus de pouvoirs. Giselle dit un dernier adieu à son bien-aimé qu'elle vient de sauver.

Saluons tout d'abord l'ensemble de la troupe qui fait vivre l'intégralité du ballet, malgré la contrainte d'une scène de petite taille. L'étoile Anna Dorosh est remarquable, dansant avec une technique sans reproches la jeune Giselle, à la fois insouciante et naïve, arborant un regard aussi pétillant que celui d'une jeune femme amoureuse. Certaines positions du début du siècle ont bien été retranscrites. Aucun mal à croire non plus à la scène de folie (fin de l’Acte I) et à la souffrance aiguë de l'héroïne lorsque, le regard absent, elle effeuille avec frénésie une fleur imaginaire.

On ne peut oublier la vraie présence de Maxime Chepik (Albert) et sa technique élégante. Sans doute en raison du manque d'espace, certains sauts sont réalisés avec retenue. Quand bien même son rôle est très correctement interprété, il n'obtient pas autant d'applaudissements que la danseuse lors des soli. Quant à lui, Serge Bondour colle parfaitement au rôle de Hans, laissant le public bouche bée dans sa série de sauts. Enfin, Tatiana Borovik fait évoluer avec froideur le personnage de Myrthe ; la propreté de ses arabesques et de ses développés à la seconde sont à saluer.

Aussi, l'ensemble des danseuses est-il en rythme, le bruit de leurs chaussons n'altérant à aucun moment la chorégraphie. Une vraie prouesse ! En revanche, le manque d'orchestre s'avère regrettable : si la bande son est intacte, les moments principaux du ballet n'ont pas le même charme et la même intensité, en dépit d'une troupe parfaitement rodée.

LB