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Chroniques
El retablo de Maese Pedro
intermezzo de Manuel de Falla
Sanctuaire de l’opéra, avant tout des écoles française et italienne, l’institution avignonnaise abrite également l’orchestre régional créé en 1982, régi par statut associatif, lequel orchestre assure la saison lyrique in situ ainsi que des concerts en Provence-Alpes-Côte d’Azur et des actions pédagogiques multiples. Chaque saison, un concert de clôture permet de le retrouver sur scène… cette fois-ci, en duo avec une troupe de marionnettistes, le « clou » de la soirée consistant en un ouvrage lyrique finalement point trop souvent présenté dans l’Hexagone : El retablo de Maese Pedro de Manuel de Falla. L’Espagne est d’ailleurs à l’honneur tout au long de la soirée, d’abord avec la scintillante Rapsodia sinfónica Op.66 de Joaquín Turina, ensuite avec les tout aussi étincelantes mais ô combien charmeuses Danses du Don Quixote (ballet) de Roberto Gerhard, un Catalan naturalisé britannique, enfin avec les Trois chansons de Don Quichotte à Dulcinée du Français Maurice Ravel, inspirées par le personnage de l’Ibère Cervantès.
Cette première partie permet de savourer l’engagement, la musicalité de l’orchestre, beaucoup plus que la fougue et le charisme directionnels de Jean-François Heisser, passé (sans vraiment convaincre) du clavier à la direction. L’une des pièces au programme fait heureusement retrouver le pianiste, sa vitalité, sa musicalité, son engagement… toutes choses absentes de sa direction monolithique.
La partie « musicalo-vocalo-scénico-marionnettiste » de la soirée offre des épisodes contrastés, des interprétations différentes, mais aussi et avant tout la redécouverte d’une petite partition pleine de brio, de finesse et d’humour, qui développe intensément une sorte d’intermezzo façon théâtre de foire au siècle des Lumières et fait intervenir tout un monde de petits personnages. Habiles, directifs et subtils, les artistes de la troupe Bambalina Teatre Practicable tiennent leur rôle à merveille. On voudrait pouvoir en dire autant du trio vocal qui narre et vie l’aventure. C’est le cas du soprano colorature Chantal Perraud, au chant bien posé, bien conduit, bien mené, à l’expression musicale à souhait. C’est relativement le cas avec le ténor Éric Huchet, tout de même un peu monochrome. Ça ne l’est pas du baryton Laurent Alvaro dont la musicalité pourtant extrême est ici desservie par un chant hétérogène et inégal, entre un médium encore souple et expressif et un aigu dur et détimbré. Du moins ces trois voix ont-elles un point commun : n’avoir pas vraiment trouvé l’appui et la motivation nécessaires dans une direction qui n’en était pas une.
GC