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Chroniques
création française de Metamorphosen de Krysztof Penderecki
Stéphane Denève dirige le Royal Scottish National Orchestra
Avec ce concert symphonique, le festival Présences accueille pour la première fois le Royal Scottish National Orchestra et son nouveau chef attitré, Stéphane Denève [photo], jeune musicien français dont on put déjà apprécier les talents, notamment dans la fosse de l’Opéra Garnier. Poursuivant l’intégrale de l’œuvre de Krysztof Penderecki, Chantal Juillet donne en création française Metamorphosen, le Concerto pour violon n°2 (1992-1995) dédié à Anne Sophie Mutter qui en assurait la création mondiale en 1995, au Gewandhaus de Leipzig.
Les instruments à cordes ont toujours exercé un pouvoir de fascination sur le compositeur polonais qui songea longtemps à faire une carrière de violoniste virtuose. Ils restent le terrain privilégié de ses recherches prospectives et aventureuses durant les années soixante, qui feront éclorent des œuvres-phares comme Thrène ou Polymorphy pour quarante-huit cordes. Quelques quarante ans plus tard, Metamorphosen meten perspective le tournant radical qu’il prit au moment où il dit « avoir trouvé sa voie ». Conçu en un seul mouvement de trente cinq minutes, articulé en différentes sections, le concerto exploite les dimensions virtuoses de l’écriture soliste face aux sonorités musclées de l’orchestre, conduit avec la rigueur et l’énergie conquérante du héros. Mise protagoniste dans cette âpre lutte où elle n’a pas toujours l’avantage. Elle brillera cependant dans la traditionnelle cadence dans laquelle le compositeur en appelle aux vertus transcendantales du geste virtuose.
On s’étonnera d’entendre, dans un festival de création musicale, la Suite n°2 de Bacchus et Ariane d’Albert Roussel, composée en 1930. Brillamment défendue par un orchestre dont on apprécie la précision et l’homogénéité des pupitres. Après les deux créations françaises de James MacMillan et Guillaume Connesson, elle sonne pourtant avec une modernité étonnante.
Dans Britannia, l’Ecossais James Macmillan s’adonne à un collage furieux, dans un parcours plein de surprise (du folk au jazz) où la frénésie sonore voisine l’hystérie, sur le ton festif et grandguignolesque qui permet d’échapper à toute classification stylistique. L’œuvre suivante fait pourtant regretter ce côté déjanté et un rien fantasque, tant l’ennui nous gagne dans le bel exercice de style d’un Guillaume Connesson toujours plus près de son modèle. De la féerie ravélienne aux quintes parallèles de Debussy en passant par la harpe mahlérienne et l’ombre d’un raga indien, tout ici est convoqué pour atteindre ce beau son philharmonique – pour reprendre l’expression critique de Lachenmann – qui, à force d’être lissé, poli et ressassé, finit par n’avoir « ni goût ni vertu ».