Chroniques

par bruno serrou

création de Vulcano de Yann Robin

Cité de la musique, Paris
- 14 décembre 2010

C’est un programme de saison que présente ce soir l’Ensemble Intercontemporain dirigé par Susanna Mälkki. Flag (1987) pour treize instruments [flûte/flûte piccolo, hautbois, clarinette, clarinette basse, basson, deux cors, trompette, deux violons, alto, violoncelle, contrebasse] de Franco Donatoni (1927-2000), un peu marqué par le temps mais plein d’humour et de froide désillusion, où les musiciens deviennent autant de personnages imaginaires, précède le frigorifiant et magistral Jour, Contre-jour pour treize musiciens [flûte/flûte piccolo/flûte en sol, deux clarinettes/clarinettes basses, cor, trompette, trombone basse, percussion, orgue électronique, deux violons, alto, violoncelle, contrebasse], bande magnétique quatre pistes et amplification (1979) de Gérard Grisey (1946-1998). Inspirée du Livre des morts égyptien, cette œuvre magistrale garde toute sa force évocatrice et inventive. Elle semble venir de la nuit des temps, fluide et continu, pour y retourner, sans début ni fin véritables, aussi profonde qu’une pyramide.

Enfin, après les froidures de la première partie, le concert se poursuit avec la création parisienne d’une pièce brûlante, commandée par l’Intercontemporain auquel elle est dédiée et qui l’a créée le 8 octobre dernier dans le cadre du festival Musica, à Strasbourg : Vulcano (2010) de Yann Robin, pour vingt-neuf musiciens [deux flûtes/flûtes piccolo/(1) flûte en sol/flûtes basses, deux hautbois/cors anglais, trois clarinettes (2 clarinettes en si bémol, 1 clarinette en mi bémol, 3 clarinettes basses, 3 clarinettes contrebasses), deux bassons/contrebassons, deux cors, deux trompettes, deux trombones basses, tuba, trois percussionnistes, piano, harpe, trois violons, deux altos, deux violoncelles, contrebasse].

Cette partition d’une quarantaine de minutes est particulièrement impressionnante. Commençant dans les profondeurs abyssales de trois contrebassons et de trois clarinettes contrebasses pour se conclure avec les six mêmes instruments, Vulcano est un véritable poème symphonique dans la tradition lisztostraussienne, aux aspérités moins saillantes que le Poème du Feu de Scriabine, mais tout aussi efficace : grandiose, menaçant, terrifiant lorsque s’exprime Vulcain en personne, explosif, scintillant, stagnant, grondant, se pétrifiant tel de la lave en fusion, avant de se rendormir... Une œuvre somptueuse, magistralement élaborée, que l'EIC, dirigé avec précision et conviction par sa par sa chef titulaire, a interprétée avec une remarquable efficacité.

BS