Chroniques

par bertrand bolognesi

City of Birmingham Symphony Orchestra
création française de Noesis de Hanspeter Kyburz

Musica / Palais de la Musique et des Congrès, Strasbourg
- 5 octobre 2003

À la tête de la formation rendue célèbre par Simon Rattle et qu’il conduit depuis six ans déjà, nous retrouvons, dans le cadre de Musica, le brillant chef finlandais Sakari Oramo – dont nous vous parlions dernièrement à l’occasion de la sortie d’un disque Mielck et d’un concert qu’il dirigeait à Mogador [lire notre chronique du 12 mars 2003 et notre critique CD].

L’excellent City of Birmingham Symphony Orchestra ouvre la soirée avec les Cinq Totems composés par Philippe Schoeller en 2000 que nous entendions lors du concert d’ouverture du festival Présence à la Radio France en février 2001. C’était alors Pascal Rophé qui en donnait une lecture d’une grande clarté à la barre de l’Orchestre National de France. Oramo s’empare de la partition et rend compte d’une façon nettement plus sensible du propos de ces miniatures. Il respecte l’opposition d’un certain statisme à une dynamique parfois plus violente qu’on s’y attend, toujours avec une extrême précision. Son interprétation donne aux Totems un souffle qu’on ne leur soupçonnait pas. L’on imagine le compositeur ravi de ce que son travail soit si pleinement compris, sans s’en tenir timidement à sa forme extérieure.

Un saisissant départ des violoncelles et contrebasses happe ensuite l’écoute pour une exécution magistrale de la Symphonie en la mineur Op 63 n°4 de Jean Sibelius. Si le solo de violoncelle est magnifique, l’on constate bientôt des faiblesses au pupitre des bois, faiblesses qui se vérifient tout au long de l’œuvre. C’est la seule ombre à la clarté d’une formation par ailleurs fort talentueuse dont on apprécie la qualité des cuivres et des unissons de contrebasses comme l’on peut rarement en goûter, et qui travaille main dans la main avec son chef. Nous reprochions à Sakari Oramo une tendance à la surenchère lors de son passage parisien en mars : ici, il n’en est rien ; bien au contraire, il avance une interprétation lyrique dont l’expressivité se concentre dans les choix sonores plutôt que dans des aléas de tempo, non sans une certaine retenue. Ainsi le Finale s’achève-t-il dans une élégante sobriété.

Le concert se conclut par la première audition française de Noesisque Hanspeter Kyburz signait il y a deux ans pour le Chicago Symphony Orchestra et Daniel Barenboïm, et qu’il a remanié en partie (dernier mouvement) cette année pour Pierre Boulez et le Cleveland Orchestra. Une fois de plus, il nous faut avouer que, pour reconnaître la facture bien ficelée de cette écriture, nous ne parvenons à adhérer à une démonstration de procédés sans véritable propos. On y goûte d’indéniables finesses, dans la construction autant que dans les alliages de timbres, mais toujours beaucoup de références plus ou moins dissimulées qui finissent par engendrer une écoute dangereusement oisive. Ce post-modernisme-là nous touche peu, sans doute est-ce carence de notre part.

BB